Depuis quelques jours, les canons se sont tus au Liban et en Israël après un mois de guerre qui a vu l’insuccès de Tsahal et une « victoire revendiquée » du Hezbollah, situation inédite aux conséquences peu favorables au maintien de la paix dans la région. Les populations civiles ont payé un lourd tribut à cet affrontement dont le Liban a été à la fois le théâtre et l’otage, pris entre l’enclume du Hezbollah et le marteau d’Israël
Dans « Le Figaro » du mercredi 16 août, Yves Thréard évoque les responsabilités de chacun dans le conflit, et il n’oublie pas de rappeler celles des démocraties européennes et états-unienne : « ( ) c’est vers les démocraties occidentales qu’il convient aussi de se tourner pour trouver les responsables d’un conflit qui n’en finit pas de tuer. Vers les pays qui ont laissé faire la révolution iranienne de 1979, point de départ de beaucoup des maux actuels ; qui ont longtemps pactisé avec l’Irak de Saddam Hussein avant de le renverser ; qui ont toléré la montée de l’islamisme, pensant que ce ver-là troublerait peut-être la virulence du nationalisme panarabe ». Il me faudra bientôt reparler de cette révolution islamiste de 1979, car je suis en train de relire un certain nombre d’articles et d’ouvrages de l’ancien recteur de l’université de Téhéran, Houchang Nahavandi, que j’ai jadis rencontré lors de réunions royalistes (dont l’une à Saint-Anne d’Auray il y a une quinzaine d’années), un homme charmant et très cultivé, toujours « condamné à mort » par le régime actuel des mollahs qui lui reproche d’avoir été un ministre du Chah d’Iran dans les années 70. Je rappellerai juste que l’ayatollah Khomeiny, qui s’était installé à Neauphle-le-Château (non loin de Versailles) jusqu’en 1979, était présenté par les principaux médias occidentaux comme un « libérateur » parce qu’il dénonçait la Monarchie iranienne et que son islamisme, pourtant hautement revendiqué et déjà fort inquiétant (il suffisait de lire ses proclamations), semblait « folklorique » (voire sympathique ) aux « experts » de l’époque : quel aveuglement ! Ce qui a joué en faveur de Khomeiny, c’est l’idéologie « révolutionnaire » (alors dominante dans les milieux intellectuels européens et en particulier français) persuadée que l’idéologie islamiste était son incarnation persique, et rien de plus
Au-delà des raisons énoncées par Thréard, il faudrait évoquer le problème palestinien et ses causes, mais aussi les blocages qui empêchent son règlement et alimentent le ressentiment et la haine, en pointant du doigt, là aussi, les responsabilités occidentales et plus particulièrement anglo-saxonnes, entre la déclaration Balfour de 1917 qui, loin d’être un acte de générosité à l’égard du peuple juif, était surtout une stratégie anglaise pour garantir ses intérêts dans la région (cf « Marianne », 29 juillet-4 août 2006, pages 22-23), et l’attitude de l’administration états-unienne qui soutient inconditionnellement et parfois dangereusement Israël, au détriment parfois d’une négociation équilibrée. Israël a le droit imprescriptible de vivre et de se défendre, mais il a le devoir, souvent oublié ces dernières années, de « raison garder », en particulier à l’égard des populations civiles, palestiniennes comme libanaises : c’est cet oubli, rendu possible par l’appui systématique des Etats-Unis à sa politique, qui a tant fait pour « produire de l’islamisme » et, en particulier, « favoriser » le Hezbollah.
Les dernières images parvenues du Liban et qui montrent le drapeau jaune du Hezbollah, accompagné souvent du drapeau national libanais, brandi par des jeunes et des femmes voilées sur les ruines du Sud-Liban, n’augurent rien de bon pour la suite, ni pour le Liban ni pour Israël
Je vous passe ce lien qui va totalement à l'encontre de la théorie française (et arabe) qui parle de victoire du Hezbollah :
http://www.desinfos.com/article.php?id_article=5566
Rédigé par : david martin | 18 août 2006 à 17:35