J’ai donné ces derniers jours un contrôle d’Histoire à mes classes de Seconde sur la démocratie athénienne, première partie du programme de l’année. L’une des questions portait sur les procédures utilisées pour désigner les responsables politiques et juridiques de la cité : le vote et le tirage au sort. Je demandais aux élèves laquelle des deux leur semblait la plus démocratique, et d’argumenter leur réponse. De nombreux élèves se sont prononcés pour le vote, en arguant que, par ce biais, les plus compétents étaient élus ; certains, plus prudents et peut-être sensibles aux expériences passées et présentes, évoquaient la possibilité que la majorité pouvait quand même se tromper
En somme, à les lire, j’ai senti chez eux une certaine défiance à l’égard, non pas du vote, mais plutôt des candidats et des élus, et s’il s’agissait d’Athènes, j’imagine néanmoins que le même sentiment prévaut quant à la démocratie actuelle. Et pourtant ! En lui-même, le vote ne me semble pas une mauvaise chose car il permet d’exprimer un choix entre des options différentes, par le biais d’un candidat ou d’une réponse positive ou négative (dans le cas du référendum). En fait, c’est le domaine d’application de l’élection qui pose problème et qui peut transformer un simple choix en catastrophe pour la société toute entière. Dans notre temps où l’élection est devenue une habitude plus qu’une pratique réfléchie, il me semble ainsi nécessaire de préserver la magistrature suprême de l’Etat en la plaçant « hors-élection » : la transmission héréditaire de la charge souveraine d’Etat est le moins mauvais moyen, à mesure humaine, de garantir les autres pouvoirs au sein de l’Etat et de la nation, de ses corps fédérés et intermédiaires, de ses associations citoyennes. « Sub rege, rei publicae » affirmaient les légistes du royaume au Moyen-âge, formule que l’on peut traduire par « Sous le Roi, les libertés publiques » ou « Grâce au Roi, les libertés publiques ». La démocratie athénienne est morte d’avoir abandonné son destin à la seule volonté démocratique, sans avoir eu, au-dessus d’elle, une institution qui aurait pu la garantir, la préserver, la défendre contre elle-même parfois. Est-ce vraiment un hasard si Maurras est devenu véritablement royaliste lors de son séjour à Athènes, pour suivre (comme journaliste de « La gazette de France ») les premiers Jeux Olympiques de l’ère contemporaine ? Il connaissait trop bien l’histoire d’Athènes, civilisation qu’il aimait et admirait, pour ne pas en tirer des leçons éminemment politiques
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La démocratie nous laisse encore le choix du moins pire, mais on devrait avoir des lois afin de garantir que la presse reste totalement indépendante
Rédigé par : claud83 | 28 septembre 2006 à 21:17
sub rege, rei publicae...
Sous le roi, les CHOSES publiques, plus que les LIBERTES, non?...
Rédigé par : Hugo | 28 septembre 2006 à 21:28
Cette année, vous n'avez du tout parlé des journées de patrimoine :
Quant à la situation des monuments historiques "en péril", j'ai admiré le coup de gueule de Monsieur Patrice de Vogüe, propriétaire de Vaux-Le-Vicompte qui dénonçait le manque de mécenats pour le patrimoine privé, car l'état taxe de 60% ces mécènes qui investissent dans le privé. Injuste à mon égard.
Rédigé par : princesse palatine | 29 septembre 2006 à 17:59
Un de mes commentaires a mystérieusement disparu hier soir... Je recommence:
quand je traduis "libertés", il est vrai que je précise la traduction littérale qui est, effectivement, "choses", mais au sens "politique" du terme: en fait, dans cette formule, il s'agit des "pouvoirs" locaux, ce que l'on nomme aussi les "républiques", et donc les "libertés" locales garanties par l'Etat. J'y reviendrai lorsque j'évoquerai le "fédéralisme" monarchique de Maurras, à propos de la publication du livre "Maurras, le chaos et l'ordre" de Stéphane Giocanti.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 30 septembre 2006 à 19:05
Une note est en préparation sur la sauvegarde du patrimoine. Effectivement, c'est un dossier important et qu'un royaliste, attaché à transmettre, ne peut négliger.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 30 septembre 2006 à 19:07