Dans une indifférence quasi-générale et, à mon avis, fort regrettable, le Conseil permanent de la conférence des évêques de France a, à la veille de la prochaine année électorale, rendu public un document qui est la synthèse éminemment politique de leurs questionnements et de leurs positions sur les problèmes de notre société, sous le titre évocateur (et un peu culpabilisateur
) « Qu’as-tu fait de ton frère ? ».
En lisant les extraits de ce véritable manifeste des évêques de France (publiés dans « La Croix », jeudi 19 octobre 2006), il m’est arrivé d’être agacé, en particulier devant des formules rituelles du « politiquement correct », autre forme d’un angélisme qui ne me semble pas forcément bienvenu lorsque l’on évoque les questions politiques. Néanmoins, au-delà de cette réaction épidermique, le document présente des points intéressants qu’il n’est pas inutile de relever.
Ainsi que le résume Dominique Gerbaud dans ce même numéro de « La Croix » : « Dans la lignée du texte de 1999 « Réhabiliter la politique », l’Eglise catholique attire régulièrement l’attention sur deux risques qui nous guettent. S’en remettre aux experts qui savent tout, ou aux sondages censés parler au nom du peuple.
Entre ces deux formes d’abandon, il y a la démocratie. C’est-à-dire l’implication du citoyen. Le contraire du repli, car « le silence nourrit la violence » dit le texte des évêques. Ils utilisent cette fois-ci des mots très forts : « Celui qui méprise le politique ne peut pas dire qu’il aime son prochain, il méprise la justice .» Participer au débat, c’est à la fois se réaliser, car la politique est l’un des lieux où l’homme vit sa vocation d’homme, et c’est aussi assurer la pérennité de la démocratie en la faisant vivre. A l’inverse, s’abstraire de la politique, c’est accepter la politique de ceux qui en font ».
Bien sûr, l’emploi rituel du mot « démocratie » peut énerver celui qui a été nourri au lait de Maurras, mais sans doute faut-il remarquer que le sens ici employé ne concerne pas tant les institutions que la citoyenneté et son exercice. Le plus important est de signaler que la politique, pour les évêques, n’est pas un « loisir anodin » mais le principal devoir du citoyen, comme le signalait déjà, il y a plus de 2400 ans l’Athénien Périclès au moment de la guerre du Péloponnèse. C’est une opinion que je partage mais que je précise en posant la question des institutions qui permettent le meilleur exercice de la citoyenneté politique et en définissant (et délimitant) le champ d’application de celui-ci. Ainsi, je suis hostile à ce que le vote démocratique détermine obligatoirement la politique de l’Etat ou désigne le magistrat suprême de celui-ci, persuadé que la tête de l’Etat doit « être hors de l’eau », c’est-à-dire rester en dehors des querelles partisanes et assumer son rôle d’arbitrage au-dessus des intérêts communautaires ou particuliers. Par contre, je suis pour l’extension de la citoyenneté « à la base », par la mise en place de « nouvelles agoras » (et la Toile peut parfois y aider) et le renforcement des institutions communales, régionales mais aussi professionnelles et syndicales. Mais cela doit s’appuyer sur le sentiment fort des citoyens que leurs voix comptent et peuvent être entendues dans un cadre qui leur est proche, qui leur ouvre aussi la possibilité de solidarités fortes, dans l’instant comme entre les générations.
La « démocratie » que prônent les évêques ne sera jamais qu’une vaine illusion dans le cadre institutionnel actuel, et cela malgré les avancées de la décentralisation, malheureusement mal pensée et mal préparée. Aujourd’hui, la République, en affaiblissant le rôle de l’Etat par la querelle permanente pour le poste suprême, ressemble plus au règne des féodalités qu’à celui des libertés ordonnées et assumées.
bonjour m.chauvin!!!!
j'ai rajouté sur mon blog la chronologie hochienne avec les grandes dates de notre ère
Rédigé par : toskigor | 21 octobre 2006 à 18:38
il est amusant de constater ue lorsque l'Eglise francaise se lance dans le politique, on a droit au sempiternel refrain sur la solidarité et sur l'accueil de l'autre, alors que dans les autres pays d'Europe les clergés défendent de vraies valeurs chrétiennes(famille, avortement etc...)il est amusant aussi de voir notre clergé se contredire lui-même, comme on a pu le voir dans l'interview de "La Vie" de cette semaine à propos de l'ouverture de Benoit XVI envers le rite tridantin, les évêques de France semblent unis pour rejeter les lefebvristes, bel exemple d'ouverture à l'autre! Evidemment, on ne peut pas accueillir des extrémistes dans l'Eglise, ce serait renié la belle vertu de tolérance que prône l'épiscopat francais! La tolérance, par ailleurs, est encore un de ces vices que l'on a transformé en vertu. en effet, la tolérance c'est accepter ce que l'on ne peut ni réfuter ni cautionner, ce n'est pas une ouverture à l'autre, c'est une indifférence, on parle bien du seuil de tolérance à un produit, un mépris qui se tait, l'ultime stade du racisme actuel. Bref je ne continuerai pas plus loin dans mes considérations sémantiques, mais notre société emploie les mots et les concepts de manière tronquée, à l'image de la solidarité, mais je ne reviendrai paslà dessus maintenant!
Rédigé par : Louis | 21 octobre 2006 à 19:23
C'est toujours agaçant d'entendre les evêques discourir de sujets qui ne concernent pas directement la foi chrétienne, surtout si on se reporte dans le passé où ils ont à peu près tout dit et le contraire de tout suivant les époques et les conjonctures politiques.Je fais allusion au livre qu'un de mes amis a publié il y a quelques années; "Paroles d'évêques" de Pierre-Marie Dioudonnat qui reprend les propos "politiques" des évêques français depuis Napoléon. C'est hallucinant!
Rendons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.iIl n'existe pas de doctrine des deux Règnes dans la doctrine romaine et c'est bien dommage.
Rédigé par : | 22 octobre 2006 à 08:10