Jeudi soir, l’émission « le téléphone sonne » (sur France-inter) était consacrée à la démographie mondiale et l’une des questions posées portait sur la capacité de la planète à supporter et à nourrir l’humanité : l’un des intervenants a répondu, fort justement, que si l’on suivait le modèle de consommation états-unien ou même européen, la planète était insuffisante, mais que si les populations suivaient l’actuel modèle indien (ou plutôt la « moyenne » de consommation de l’Inde, pourtant peuplée par presque le quart de la population mondiale), la planète pouvait supporter au moins 12 milliards d’habitants, sachant que les prévisions pour 2050 évoquent plutôt un chiffre de 9 milliards de terriens.
Mais il y a un problème et il n’a pas été évoqué par les participants à l’émission : c’est le fait que les Indiens comme les autres populations des nations du Sud, d’Asie comme d’ailleurs, lorsqu’elles acquièrent un certain niveau de vie consomment, ou cherchent à consommer, autant que nos populations des pays du Nord, comme on peut le constater aujourd’hui, de façon presque caricaturale, dans les grandes villes indiennes ou chinoises. Il n’y a pas d’ascétisme volontaire, ou naturel, des personnes lorsqu’elles rentrent dans le système de la société de consommation : c’est une réalité qu’il faut reconnaître et qui pose évidemment de graves questions pour l’avenir même de notre planète, et particulièrement de ses écosystèmes.
Cela signifie que notre planète risque, du fait du Développement en cours de nombreux pays, de ne plus être accueillante pour les prochaines générations, ne serait-ce que du fait de la pollution, de la surexploitation des ressources terrestres et maritimes, et de la disparition de la biodiversité qu’elles entraînent mécaniquement, comme on peut le constater pour le corail par exemple
Les différents cris d’alarme poussés de plus en plus fort par un certain nombre de personnalités, y compris politiques, ne semblent pas vraiment faire d’effet, comme si, pour reprendre le terrible mot de George W. Bush, « notre mode de vie n’est pas négociable »
Alors, que peut faire le Politique, au moins dans notre pays, même si, seule, la France peut sembler impuissante à résoudre les problèmes de la planète ?
Le Politique peut, par le biais de l’Etat et de son action, donner l’impulsion, non seulement à la prise de conscience des citoyens mais à la mise en place de politiques prenant en compte le « souci environnemental » : une véritable stratégie écologique passe, il faut avoir le courage de le dire, par une certaine contrainte car les seules politiques de « sensibilisation » ne suffisent pas, malheureusement, à responsabiliser des citoyens qui, souvent, oublient leurs devoirs civiques (en particulier à l’égard des générations futures
) pour ne penser qu’à leurs droits de consommateurs.
Il est évident que, dans notre République partisane, aucune personnalité politique briguant la magistrature suprême, mais aussi un siège parlementaire, ne prendra le risque de l’impopularité en annonçant un programme qui viserait à réduire la consommation énergétique des citoyens et leur dépendance à l’égard d’une société de consommation pourtant trop gourmande pour notre planète.
C’est sans doute là que réside la nécessité profonde d’un Etat dont la légitimité première ne réside pas dans le seul présent mais dans la suite des temps et des générations, au-delà des programmes électoraux et, même, au risque de l’impopularité. Mais, mieux vaut l’impopularité au nom du Bien commun que la facile popularité liée à la démagogie de l’inaction, en ce domaine écologique comme en d’autres. Comme le dit un slogan inscrit au marqueur sur une affiche aperçue au Chesnay : « Mieux vaut le roi que le pire ».
En tout cas, une politique écologique intelligente et ouvrant aussi vers la Recherche pour des alternatives énergétiques (entre autres), suscitée, pratiquée et défendue près de nos partenaires internationaux, donnerait un exemple fort aux autres nations et pourrait, à terme, convaincre les populations que « consommer mieux » en respectant notre environnement est plus intéressant et responsable que « consommer plus » et forcément trop au regard des possibilités et des limites de la seule Terre que nous habitons et avons devoir de léguer à nos descendants
Quand je lis sous votre plume "Comme le dit un slogan inscrit au marqueur sur une affiche aperçue au Chesnay : « Mieux vaut le roi que le pire », je m'inquiète de savoir si quelqu'un derrière un rideau n'aurait pas identifié le tagueur !
Rédigé par : Catoneo | 20 octobre 2006 à 18:43
Je crains fort que le tagueur soit à l'origine de ce texte : Vive le Roi! Consommer intelligemment serait la panacée? Il y a un aspect qui n'est pas évoqué ici. Les populations qui ont atteint le confort maximum n'ont guère envie de s'encombrer d'une descendance; la natalité est en baisse aux U.S.A., en Allemagne et.... en Chine où les enfants sont "confiés" très tôt à des "pensions de familles"; il en résultera assez rapidement à une diminution de la population; sachant que l'informatique est introduite à tous les niveaux des activités humaines, il ne sera plus nécessaire de disposer de beaucoup de main d'oeuvre; aujourd'hui, déjà, en me promenant, je remarque de nombreuses maisons, solides et luxueuses, lesquelles devront être bradées, faute de repreneurs, parce qu'elles seront trop chères pour des acquéreurs éventuels ne disposant d'une activité professionnelle à proximité; tout n'est pas dit, mais je pense sincèrement que les prévisions des grands spécialistes s'avéreront fausses.
Rédigé par : LOUXOR | 20 octobre 2006 à 21:46