Etant alité pour une mauvaise bronchite doublée d’une terrible migraine lundi soir et quasiment incapable de lire (sanction terrible pour le dévoreur de pages que je suis
), j’en ai profité pour écouter Laurent Fabius à l’émission « Franc-parler » de France-Inter : je dois avouer que je n’ai pas tout saisi mais, pour une fois, ce n’était pas la faute du candidat socialiste à l’investiture, mais bien plutôt de mon état lamentable.
Je reconnais aisément que l’homme Fabius est brillant, parfois agaçant : il connaît visiblement ses dossiers et sait défendre son point de vue avec un certain panache, même si une certaine suffisance point derrière son ton parfois condescendant. Je ne suis pas certain que cela soit suffisant pour détrôner la « reine des sondages », madame Royal (la mal nommée, diraient certains
) : mais, et je le répète souvent et prudemment, en bon « empiriste organisateur », « Sondage n’est pas suffrage »
J’ai noté quelques propos qui me semblent intéressants, en particulier cette phrase : « La France n’est pas en déclin, elle est mal gouvernée ». Cela me semble fort vrai car, même si notre pays n’est pas au mieux de sa forme, il a des potentialités extraordinaires et j’en veux pour preuve la qualité d’un certain nombre de mes propres élèves qui me confirme dans l’idée que la grande chance française, aujourd’hui, c’est sa matière grise. Encore faudrait-il que l’institution scolaire, au lieu d’étouffer trop souvent l’initiative et la réflexion, cesse d’être cette machine-à-formater selon l’idéologie dominante et ouvre de vraies perspectives aux jeunes intelligences, mais aussi des espaces d’expression et de discussion, des aires intellectuelles et spirituelles et non de simples cases à étiquettes
Je suis d’autant plus sévère que, malgré des réussites indéniables parmi nos élèves, anciens et actuels, j’ai vu trop de gâchis lié à de mauvaises orientations et l’absence de souplesse dans le système, voire d’hypocrisie, en particulier chez les inspecteurs de l’Education nationale qui pratiquent le double langage, ce que je résume par la formule « Grands principes mais petite vertu ».
Le « déclin de la France » est souvent la forme policée de l’absence de foi dans le pays et de volonté politique de la part de ceux qui l’évoquent. Bien sûr que la France ne va pas bien, qu’elle pourrait mieux faire, mais ce n’est pas en gémissant et en se tordant les mains que l’on arrangera les choses : c’est en réfléchissant sur les conditions d’une grande politique, d’une politique de la grandeur (sans laquelle la France n’est plus la France, comme le rappelait le général de Gaulle) qui soit celle des « nécessaires rendus possibles », que l’on peut redonner à la France cette confiance et cette estime en elle qui sont la condition de toute action diplomatique. La France n’est pas en déclin, elle est seulement victime d’un régime politique qui lui pèse sur le cur et lui fait oublier ce qu’elle est. Alors, oui, Laurent Fabius a, sur ce point, raison : la France est mal gouvernée. Mais je compléterai par la citation célèbre d’Anatole France : « la République gouverne mal, mais elle se défend bien ». Ce mythe du déclin français qui serait inéluctable est la défense de ces hommes politiques qui ont choisi le renoncement pour ne pas avoir à prendre de risque et poursuivre leur bonhomme de chemin dans les allées d’une République au « palais vide », pour reprendre l’expression de Peyrevelade
Je n’oserai conseiller à Laurent Fabius de devenir
royaliste, car il le prendrait comme une allusion à sa rivale Ségolène : mais je me souviens de ce mercredi soir du milieu des années 90 où ce même Laurent Fabius tenait une conférence dans les locaux de la Nouvelle action royaliste, en présence d’une quarantaine de militants monarchistes attentifs, parfois fort critiques mais toujours courtois. Peut-être, après tout, s’en souvient-il aussi et a-t-il retenu cette leçon royaliste que « le désespoir en politique est une sottise absolue » : il serait néanmoins dommage qu’il n’applique cette formule qu’à sa seule personne quand le pays attend qu’on lui rende l’espérance, forcément royale et capétienne
mon blog est mieux
Rédigé par : un certain élève | 10 octobre 2006 à 18:54
A un certain élève !
Non, votre blogue n'est pas mieux que celui de Jean-Philippe Chauvin... on soupire au bout d'une seconde, alors que de celui de Jean-Philippe Chauvin, on ne se lasse jamais. La preuve : j'y reviens chaque jour et il est dans mes favoris !!!
Un mot maintenant à Jean-Philippe :
Dites donc, votre migraine, c'était une bénédiction ! (dans le sens où elle vous a fait accoucher d'un merveilleux article, bien sûr !!!)
Rédigé par : Domy | 10 octobre 2006 à 21:08
Prompt rétablissement cher ami.
Petite précision : du temps où L.Fabius était à Sciences-Po je ne l'ai jamais vu parmi les gens de gauche distribuant des tracts, organisant des réunions, particpant aux élections à l'Amicale des Elèves.On m'a même dit quand mai 1968 il avait été réviser son diplôme dans la maison de camapgne familiale alors que nombre de futurs membres du PS (alors gauchistes enragés) se faisaient casser la figure dans Paris. Le bruit circule qu'il aurait eu un court instant sa carte aux jeunes giscardiens en 70-71.
L.Fabuis "fils du peuple"? lol
Rédigé par : Lepante | 11 octobre 2006 à 13:08
Laurent Fabius brillant ? C'est vite dit ! Savez-vous que tous nos députés viennent d'être notés par "Contribuables Associés" et que Laurent Fabius a la lamentable note de 0 ? Tout comme ses amis Ségolène Royal, François Bayrou, Christiane Taubira, Dominique Strauss-Kahn, etc. qui briguent l'Elysée. Pour avoir tous les détails, rendez vous sur mon blogue au titre relatif à la cote des députés, publié le 11 octobre 2006 sur Alliance Royale Val d'Oise http://allianceroyalevaldoise.over-blog.com
Rédigé par : Domy | 11 octobre 2006 à 18:44