L’élection présidentielle qui s’approche (encore cinq mois avant le premier tour) est l’occasion d’une multiplication des articles et des entretiens avec les « gloires » ou les experts de la République. Ainsi Michel Rocard, ancien premier ministre et éternel « Poulidor » de la politique française qui s’exprime dans le numéro de novembre 2006 de la revue « Enjeux-les échos » et qui avoue une certaine défiance à l’égard du système de désignation du magistrat suprême de l’Etat : « Je commence à penser que ce principe [l’élection du président de la République au suffrage universel] devient dangereux. Pour deux raisons. D’abord, quand le système médiatique en arrive à dominer le système politique au point de choisir le calendrier, de sélectionner les candidats et de choisir les sujets de débat ce dont on parle, et surtout ce dont on ne parle pas-, la porte est ouverte à toutes les dérives. Ensuite, l’accès à la télévision est gratuit. Ce prurit de notre système égalitaire a pour résultat (
) de faire des petits candidats (
) les grands bénéficiaires du système.
Par conséquent, notre élection présidentielle n’est plus à titre principal le choix du patron, mais l’étalonnage de l’influence de tout courant politique qui prétend réunir plus de 2 % des suffrages. L’accès au second tour est désormais réservé à celui des chefs de coalition dont le corps électoral est le moins éclaté. Autrement dit, le risque est plutôt que Ségolène Royal ne soit pas présente au second tour de la présidentielle, puisque la gauche compte six candidats. La France joue donc le choix du patron aux dés. C’est ultradangereux ». Sans doute faut-il aussi remarquer que, s’il y a tant de « petits candidats » (mais ils me semblent avoir aussi une part de légitimité à présenter leurs options, fussent-elles actuellement, parfois définitivement mais peut-être temporairement, marginales
), c’est sans doute parce que notre système politique n’accorde guère de place à l’expression des pensées dites « minoritaires », ce qui là encore n’enlève rien à leur éventuel intérêt. Le fait que certaines familles politiques ne trouvent que l’espace médiatique de l’élection présidentielle pour pouvoir s’exprimer et faire connaître leurs points de vue n’est pas, en soi, très sain et apparaît l’une des causes (mais pas forcément la seule) de la frustration de nombreux électeurs, alors tentés de se manifester par un vote plus « d’humeur » que « d’adhésion ».
Le grand intérêt d’une Monarchie active et fédérative serait justement, tout en libérant la magistrature suprême de l’Etat de « ce tir aux dés » que craint Michel Rocard, de permettre une véritable redistribution des pouvoirs et contre-pouvoirs au sein de la société politique française, par l’application d’une subsidiarité raisonnée et la possibilité d’expression et d’action, au sein des réalités communales, provinciales ou professionnelles, des associations et des citoyens et, donc, des courants de pensée politiques fort nombreux et divers en notre vieille nation historique et plurielle. Cela ne serait pas pour autant un « long fleuve tranquille » (les débats resteront sûrement vifs, et les problèmes ne s’évanouiront pas d’un coup de « sceptre magique ») mais permettrait de « fluidifier » les rapports politiques au sein de nos institutions.
Débloquer la vie politique et institutionnelle française passe par cette nécessaire libération de l’Etat, ainsi plus à même de permettre une nouvelle respiration civique dans tous les cercles d’appartenance communautaires et associatives qui représentent, non pas toujours la seule réalité française active et effective, mais bien plutôt sa diversité.
- Des monarchistes qui ne seraient pas des réactionnaires, des contre-révolutionnaires, des dits nationalistes, des intégristes catholiques - monarchistes quoi ! -, pourraient-ils approcher Michel ROCARD et commencer un dialogue autour de la "question centrale"...
Rédigé par : Périclés | 25 novembre 2006 à 18:24
Rocard est un filou, intelligent.
Il cherche à peser sur les candidatures dissidentes de la Gauche de gouvernement pour assurer le coup.
Mais le coup est déjà joué. Il le sait.
Steppique Hebdo (cliquer si l'on veut sur la signature en bas) pronostique un second tour Royal-Le Pen, comme un 21 avril à l'envers par bourrage médiatique des urnes, favorisé par le démarrage imminent de la Machine à perdre gaullo-centriste.
Les dirigeants socialistes ne s'y trompent pas qui commencent à bâtir leur avenir. Jack Lang est dans le gouvernement, Hulot pareillement si ça peut le décider de ne pas se porter candidat. Chevènement laisse entendre que ......
La seule incertitude, de taille car elle est entre 10 et 12%, c'est Bayrou ! Va-t-on le rallier aussi ?
Rédigé par : Catoneo | 25 novembre 2006 à 18:37
Comme Catoneo , je pense que Le Pen passera certainement et malheureusement au deuxième tour mais contre qui ??
Mais par votre description sur la monarchie, on dirai que avec la séparation des pouvoirs, la "libération de l'Etat", et s'appuyant sur la diversité des français (si je vous ait bien compris), vous désirez une monarchie à l'anglaise, voire plus à l'espagnol, avec un roi quasi marionette ! Quel en serai l'intérêt ou la différence avec aujourd'hui où Chirac sert aussi de marionette face au pouvoir du premier ministre!
Rédigé par : S. V. | 26 novembre 2006 à 17:15
Hmm...
Le démarchage médiatique sélectionne les candidats, peut-être; mais jamais de la manière voulue.
Les médias sont un "facteur chaos"; comme en physique quantique, l'Etat d'un système dans son développement peut-être altéré de manière extrême par une légère modification des conditions initiales, les médias, qui foutent un bordel incroyable dans les "conditions initiales" font que le développement est totalement imprévisible, la complexité étant ici représentée par le nombre très élevé d'électeurs.
Ainsi les médias ont un impact réel, mais totalement imprévisible, et je pense que plus que "sélectionner" les candidats, ils brouillent les choses d'une manière inextricable. Lepen était-il évoqué tant que ça par les médias en 2002? Pas à mon souvenir. Les médias brouillent tout et empêchent des prévisions fiables. C'est pour ça que toute prévision est à grandement relativiser, et qu'on ne peut pas accuser les médias de "sélectionner" réellement...
Ca me fait bizarre de parler physique, mais bon, dans ce cas là, c'est adéquat.
Rédigé par : Hugo | 26 novembre 2006 à 18:01
Les médias sont des outils à disposition.
Je me place plutôt dans l'angle du marketing, qui n'utilise comme on sait, que les médias. Le travail marketing du team Royal est remarquable. Le brain trust fait campagne sans programme, en ameutant les réactions pour surfer sur les attentes majoritaires de chaque catégorie; mais en privilégiant avant tout l'emballage.
Bel emballage ! Les médias adorent ça !
Il me font penser à l'intoxication pandémique du bug de l'an 2000 qui a fait gagner des fortunes à ceux qui ont surfé dessus. Les médias n'étaient pas complices, mais addicts !
Rédigé par : Catoneo | 26 novembre 2006 à 19:39
Catoneo pense mal, toujours mal.
Rédigé par : Périclés | 30 novembre 2006 à 16:31