J’ai donné à mes élèves de Seconde des recherches à faire, dans le cadre de l’ECJS, sur les problèmes environnementaux et écologiques, et certains m’ont présenté quelques dossiers fort complets et intéressants sur ce sujet, aujourd’hui très médiatisé, à défaut d’être vraiment entré dans les murs et les pensées de nos concitoyens : la prise de conscience et les changements d’habitude nécessitent du temps, mais celui-ci, au regard des problèmes qui se posent à notre planète, presse. Bien sûr, il ne faut pas tomber dans une sorte de catastrophisme qui serait vain et ridicule, la « peur » ne fondant pas une saine politique sur le long terme, mais il faut être lucide et faire comprendre que la société de gaspillage n’est pas une bonne chose, ni pour nous-mêmes ni pour les générations qui viendront et qui auront quelques droits à nous demander des comptes
S’orienter vers une société de sobriété (ce qui ne signifie pas forcément d’inconfort ou de régression
) doit être le devoir de nos générations actuelles qui ne doivent jamais oublier qu’elles sont à la fois héritières et « trait d’union » avec celles qui s’annoncent déjà.
Cela étant, l’Etat, aujourd’hui au cur de la querelle présidentielle, doit aussi jouer un rôle dans la défense de l’environnement et, par exemple, dans la réduction des rejets de gaz à effets de serre : promouvoir le rail plutôt que la route, pour le transport de marchandises (ferroutage) comme de passagers ; créer de nouvelles liaisons littorales pour le fret (merroutage) ; limiter le trafic aérien intérieur, en particulier entre les villes qui sont reliées par le TGV ; etc. Cette politique volontariste, qui risque de se heurter aux différents intérêts financiers et économiques, en particulier des sociétés d’autoroutes ou d’automobiles, de transporteurs routiers, doit à la fois être rigoureuse et s’inscrire dans le temps, car rien ne se fera de bon dans la précipitation et la confusion, et les enjeux sont trop importants pour s’autoriser l’échec ou, même, l’amateurisme, souvent fatal à la crédibilité et à la légitimité même d’un Etat. L’idée d’un vice-premier ministre chargé du développement durable (idée avancée par Nicolas Hulot dans son livre « Pour un pacte écologique » paru il y a peu) est intéressante mais il serait encore plus efficace d’en faire, comme je l’ai déjà évoqué pour un autre dossier (celui des « banlieues »), une fonction qui dépasse le seul temps court des mandats électoraux, un vice-premier ministre qui puisse être maintenu dans sa charge au-delà d’une éventuelle défaite du gouvernement ou du premier ministre qui l’aurait nommé
il n’est pas certain que, dans notre système républicain partisan, cette possibilité soit acceptée par les différents partis qui occupent, alternativement, les travées du Pouvoir, ceux-ci étant souvent plus intéressés (malgré quelques notables exceptions) par la « politique des copains » que par les fortes nécessités environnementales.
Ce poste de vice-premier ministre trouverait sa vraie efficacité dans des institutions qui ne dépendent pas exclusivement du « temps électoral » ni même de la désignation électorale de la magistrature suprême de l’Etat. Il serait tout à fait accordé à la légitimité « a-démocratique » (ce qui ne veut pas dire antidémocratique, ou qu’il ne faille pas un certain consensus national autour de cette légitimité
) de la Monarchie qui, par essence, s’inscrit, par la succession héréditaire même, dans la durée et la suite naturelle des générations au sein de la Famille royale : en somme, un « Etat durable » qui serait le mieux placé pour soutenir le « développement durable » tel que l’évoque Nicolas Hulot.
Ce vice-premier ministre existe déjà au protocole sous la désignation de "ministre d'Etat".
Par contre il est à craindre que le super-ministère qui embrasserait toute la question environnementale soit aussi le "camp de concentration" de l'écologie que les passions du moment arriveront bien à marginaliser.
L'intérêt général ne peut être la somme des intérêts particuliers; aussi m'apparaît-il scabreux d'en faire un ministère.
Par contre, que chaque chef de cabinet dans chaque ministère soit un écologiste, donnerait un outil transversal de convergence à la hauteur du défi.
Rédigé par : Catoneo | 28 novembre 2006 à 09:56