Dans un entretien paru dans l’édition de dimanche 7 janvier 2007 du quotidien « Le Monde », l’ancien conseiller du président François Mitterrand, Jacques Attali, évoque l’avenir ou ce qui lui semble en être les perspectives, et elles ne sont guère rassurantes, en particulier quand il avance les fortes probabilités d’un XXIe siècle pire que le précédent qui, pourtant, fut gros consommateur de « carburant humain » à travers les totalitarismes et les guerres de plus en plus « industrielles »
Certes, « probabilités » ne signifie pas « inéluctabilités », mais l’histoire nous met en garde contre l’angélisme qui peut, parfois, devenir exterminateur.
Il évoque aussi les défis de ce siècle encore balbutiant et pourtant déjà largement déniaisé depuis le 11 septembre 2001 ou l’ouragan Katrina : qu’ils soient diplomatiques, démographiques ou écologiques, entre autres, ils nécessitent que les institutions disposent de la durée pour pouvoir les traiter ou les prévenir, voire, quand il est déjà trop tard, les guérir. Or, selon Jacques Attali, « le grand problème de la démocratie, c’est qu’aujourd’hui il n’est presque plus possible à un dirigeant d’être provisoirement impopulaire. C’est pourtant ce que doit pouvoir être un homme d’Etat qui pense au long terme ». C’est effectivement le problème de nos démocraties émotionnelles, voire « pulsionnelles », baptisées aujourd’hui sous la notion générique de « démocratie d’opinion ». Plus loin dans l’entretien, Attali s’inquiète de « l’erreur de réduire la durée des mandats ». Du coup, « les nations (
) se crispent trop souvent sur le maintien du présent et refusent de changer : l’incapacité de penser l’avenir, c’est le refus d’organiser le changement ».
Ce diagnostic d’Attali rejoint, au moins dans la forme, le propos royaliste sur la nécessité du long terme pour penser et affronter l’avenir, et permettre les changements nécessaires au regard des enjeux tout en respectant le Bien commun et les libertés publiques. Bien sûr, Attali est républicain : mais, pourtant, il sent bien que des institutions qui ne reposent que sur le mécanisme de l’élection ne sont pas exactement adaptées à notre temps.
Le film « The Queen » (réalisé par Stephen Frears) peut aider à répondre aux inquiétudes et aux questions que pose le propos de Jacques Attali : la reine Elisabeth II a survécu à son impopularité et n’a en rien renoncé à ce qu’elle représentait et incarnait malgré le vent de l’Opinion (inspiré par les tabloïdes anglais) qui lui reprochait son indifférence à la mort brutale de Lady Diana. Aujourd’hui, Lady Di est quasiment oubliée et il n’y a plus de fleurs près du pont de Paris sous lequel l’accident fatal a eu lieu tandis que la Monarchie britannique, un instant ébranlée, a retrouvé la faveur des Britanniques
Bien sûr, la Monarchie britannique n’est pas précisément le modèle auquel j’aspire pour la France, ne serait-ce que parce que les histoires politiques nationales de nos deux pays sont trop différentes et particulières pour être confondues. Mais il est un point commun aux deux, c’est la permanence qu’assure, au-delà des « moments d’émotion » (voire de désaveu des opinions), la transmission de la magistrature suprême de l’Etat, que celle-ci soit (ou semble être
) honorifique ou non.
En France, une Monarchie active (en tout cas dans les temps de sa « légitimation », sans doute de deux générations) pourrait engager les grands chantiers qu’évoque Jacques Attali, dans de meilleures conditions de durée (par le principe même de la Monarchie héréditaire) que notre actuelle République quinquennale. Le grand défi d’une Monarchie instaurée sera, sans tomber dans la démagogie ni « l’impopularité de discrédit », de chercher à fonder une politique, autonome des seuls critères économiques mais ne les oubliant pas, indépendante de l’Opinion mais susceptible d’un consensus minimal pour en permettre le meilleur accomplissement, une politique qui s’enracine dans le long terme c’est-à-dire dans le principe même de la Monarchie
En somme, pour répondre aux multiples défis qu’évoque Attali, on peut dire que, là où la République ne permet que cinq, voire dix ans de continuité, la Monarchie peut offrir une garantie plus longue, voire « éternelle » : encore faut-il qu’elle soit, et ce n’est pas encore, malheureusement, fait
Le grand problème de la République, c'est surtout qu'elle demande à des gens qui ne peuvent rien y comprendre de juger les capacités politiques des candidats : si il faut des années d'études pour comprendre les mécanismes du gourvernement, ce n'est pas pour rien ...
Demander à quelqu'un qui n'a jamais fait d'histoire de juger (et qui plus est avant de l'avoir vu en action) un historien ne paraît-il pas au premier abord stupide ?
Je ne comprend pas exactement pourquoi dans le cas de la politique il en est autrement ...
Rédigé par : Matthieu | 07 janvier 2007 à 20:50
Rendons à César ce qui est à César. Jacques Attali n'a rien inventé, il a tout pompé à Karl Marx, et, en fixant un échéancier dans son bouquin pour en faire un best-seller, il fait passer Marx pour Élisabeth Teissier, alors que Marx fournit une grille de lecture de l'histoire intéressante, comme Bainville, plus intéressante que celle de Bainville à mon avis.
Le seul apport à la science d'Attali, démocrate de fait, c'est l'alternance, un concept politique et juridique foireux qui consiste à imiter le modèle yanki bipartite, sous prétexte qu'il paraît plus stable. N'importe quel marxiste est capable de voir que si le système étatsunien est stable, cela tient avant tout à son dynamisme économique plus qu'à ses institutions.
Rédigé par : Lapinos | 08 janvier 2007 à 17:04
Merci, ça m'a fait un article et j'y ai enveloppé Bayrou qui complète bien.
http://royalartillerie.blogspot.com/2007/01/du-cdd-lysen-au-cdi.html
Rédigé par : Catoneo | 08 janvier 2007 à 19:15
Le système des Etats-Unis ne fonctionnent pas bien grace à son économie, n'en déplaise aux visions quelque peu restrictives des derniers marxistes français, la crise de 1929 par exemple n'a pas apporté aux Etats-Unis une instabilité politique telle qu'en a connu la France sous la IVeme République!Les systèmes politiques ne se réduisent pas à une étude des schémas économiques, étude bien trop restrictive qui omet les thèses culturalistes qui ont aussi une importance, bien que dénigrées maintenant comme faisant partie de l'héritage archaïque de notre gauche bien-pensante.
L'argument de la démocratie d'opinion, frein au progrès'est très facilement retournable, elle est frein aussi aux erreurs et aux dérives. La population est très (trop?)bien informée de ce que font ses dirigeants, par le vote elle a le moyen de sanctionner une mauvaise politique, alors que dans la monarchie, le chef de l'Etat ne peut être inquiété (sauf par une révolution ;) il peut donc continuer ses réformes, bonnes ou mauvaises, prenant à témoin l'Histoire et l'avenir qui lui donneront raison. La dénonciation du phénomène des alternances dans la démocratie n'est pas recevable (on peut penser à la valse des ministres de LouisXVI ou de CharlesX à la fn de leurs règnes..)et n'est même pas je pense une critique négative que l'on peut faire à la démocratie.
Joyeuse année 2007, on se verra peut-être au Franco un de ces jours!
Rédigé par : Louis | 09 janvier 2007 à 11:09
Bonjour,
Je suis royaliste. J'ai adhéré, il y a quelques temps, à l'Alliance Royale, parti royaliste fondé en 2001 par Yves-Marie Adeline, docteur en Sorbonne.
Je vous écris ces mots pour vous faire part de la création récente de mon Blog. Voici l'adresse : www.monarchiste.skyblog.com.
Ce blog est un espace de liberté, de démocratie et de courtoisie. Venez sur mon blog et faisons connaître le royalisme, le monarchisme à tous nos compatriotes. Je ne demande pas un ralliement à l'Alliance Royale mais une union sacrée autour de l'idéal monarchique.
Amitiés royalistes,
Joan
Rédigé par : ROMEO Joan | 10 janvier 2007 à 13:23