La question des parrainages agite le monde politique et en particulier les partis de gouvernement, et révèle une certaine hypocrisie de ceux-ci : soyons francs, si l’UMP s’inquiète de la possible absence de Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle, ce n’est pas vraiment pour de simples raisons de pluralisme mais parce que l’absence du dirigeant populiste risque d’avoir des conséquences pour le candidat Sarkozy lui-même. En fait, l’inquiétude est la même au Parti Socialiste qui, pourtant, a demandé à ses élus de n’accorder leur parrainage qu’à Ségolène Royal, confondant volontairement et abusivement parrainage et soutien alors que ce sont deux démarches fort différentes sur le fond.
Jusqu’aux deux derniers mois, ces mêmes partis se seraient bien contentés de quatre ou cinq candidats issus des familles parlementaires traditionnelles
Après tout, les sondages ne cessaient d’annoncer, depuis un an, une finale Sarkozy-Royal comme ils avaient annoncé cinq ans durant une finale Chirac-Jospin pour le printemps 2002 : on sait ce qu’il en advint. « Sondage n’est pas suffrage », comme je le rappelle fréquemment.
Or, la percée récente de François Bayrou semble commencer à se « cristalliser » à un niveau relativement élevé d’intentions de vote (entre 17 et 20 %) et dont on saura le jour du scrutin si elle n’était qu’un « coup de semonce » sondagier ou, au contraire, une véritable « insurrection électorale » pour reprendre les termes du candidat centriste : cela change la donne et constitue une véritable menace pour les deux « grands candidats ». D’ailleurs, les sondages, dont je souligne une nouvelle fois l’aspect aléatoire, placent M. Bayrou vainqueur face à l’un ou à l’autre dans le cas où il parviendrait au 2ème tour
Et c’est cela qui explique la soudaine velléité du Ministre de l’Intérieur de permettre à M. Le Pen d’obtenir le fameux sésame des 500 signatures tout comme l’embarras du PS qui, lui aussi, ne cache plus vraiment qu’il a aussi, comme au temps de François Mitterrand, besoin, stratégiquement parlant, de la présence du Front national : en effet, si Le Pen est absent du premier tour de la présidentielle, les voix « contestataires », qui s’expriment ordinairement à travers les partis extrêmistes ou populistes, risquent de se porter sur celui qui apparaît comme le « trouble-fête » sans pour autant être un « excité » ou un « marginal », c’est-à-dire
François Bayrou ! Et, quelques sondages circulant sous le manteau dans les milieux parlementaires le confirment, Le Pen absent au premier tour, c’est Bayrou au deuxième tour et, peut-être, la victoire au bout du compte
On comprend mieux la soudaine célérité « démocratique » des deux « favoris » officiels dont l’objectif commun est désormais d’éviter ce cas de figure, désastreux pour l’un comme pour l’autre !
En tout cas, ces manuvres politiciennes me confirment dans mon royalisme, dans cette perspective politique de « libérer la magistrature suprême de l’Etat » des jeux féodaux qui la transforment en proie des ambitions quand il faudrait servir l’Etat et le pays, en particulier dans ces temps de périls géopolitiques et de globalisation économique sans frein.
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