La nette victoire de Nicolas Sarkozy était sans doute prévisible, ne serait-ce qu’au regard des résultats du premier tour et des sondages des dernières semaines. Sans doute peut-on y voir, comme l’ont signalé quelques commentateurs inspirés par les écrits de René Rémond, « l’union des trois droites » : la « droite légitimiste » qui serait là représentée par les électeurs traditionnels de l’UMP ; la « droite orléaniste », aujourd’hui symbolisée par les centristes ralliés à Nicolas Sarkozy ; la « droite bonapartiste » constituée par le public habituel du Front National. Du coup, cela ne laisse pas beaucoup d’espace politique aux mouvements « alternatifs », à droite mais aussi à gauche, au moins tant que le Parti Socialiste reste « un et indivisible » : le « vote utile », conforté (ou « imposé » ?) par le scrutin majoritaire uninominal à deux tours en vigueur aux élections législatives, va probablement « cliver » le paysage parlementaire et politique entre deux options partisanes qui, chacune de leur côté, se voudront représentantes « uniques » ou « seules crédibles » de la Droite ou de la Gauche
Reste à voir si le Centre initié par François Bayrou réussira à se faire une place dans ce paysage ou si la nature propre du scrutin législatif, qui est fort différente de l’élection présidentielle (élection nationale plus personnalisée, sans doute, et qui peut permettre des « percées » de premier tour sans l’aide d’un fort appareil partisan, mais n’autorise sans doute ni la victoire ni la pérennisation dans d’autres épreuves électorales), tuera dans l’uf cette tentative de recomposition « tri-partisane » qui, à bien y regarder, n’est pas vraiment ni dans la nature ni dans la culture de la Cinquième République.
D’autre part, traditionnellement, les élections législatives qui surviennent après l’élection présidentielle ont tendance à « fonder une majorité présidentielle », comme l’ont montré les précédents de 1981, 1988 et 2002 : c’est d’ailleurs une bonne chose, quelle que soit l’étiquette partisane en question, car une cohabitation dès le début d’un mandat présidentiel aurait un effet dévastateur, paralyserait et décrédibiliserait l’Etat autant à l’intérieur de nos frontières qu’à l’extérieur, et ne permettrait pas cet « état de grâce » (conjonction courte de la « confiance » et de la « légitimité », comme l’évoque Pierre Rosanvallon, et souvent quantifiée, de façon plus arbitraire que concrète, par l’expression « les cent jours »
) indispensable pour « installer des changements » (bons ou mauvais, d'ailleurs...) sur le plan législatif et politique.
A me lire, certains croiront, à tort, que je me rallie au vainqueur : il n’en est rien et la lecture des notes précédentes comme celles à venir le prouvera aisément. Mais j’essaye de « penser politique », au-delà des clivages et des querelles partisanes et je refuse une « politique du pire qui est la pire des politiques » comme l’écrivait Maurras dont j’ai au moins retenu cela
Cette position serait d’ailleurs identique si madame Royal l’avait emporté dimanche, sans pour autant que je me rallie au Parti Socialiste
Cela ne veut pas dire non plus que je voterai pour tel ou tel parti, même majoritaire, ou que j'abdique mes propres idées : mais j’indique juste ce qui me semble, au regard des institutions actuelles dont je ne partage pas les présupposés, « préférable ». Je sais que cette position, qui n’est pas une position électorale, ne sera pas comprise de tous, mais je demande que l’on relise bien ma note et que l’on ne caricature pas ma position, éminemment politique et profondément royaliste
En tout cas, je suis intimement persuadé que le régime politique qui convient à notre pays, à l’indépendance de l’Etat comme à l’expression libre des citoyens, est la Monarchie royale, incarnée par une famille et non par un seul homme. En attendant que la question royale soit reposée au pays, il faut, me semble-t-il, préserver l’Etat et le Politique contre les pressions de l’Economique et contre ces injustices qui déqualifient les hommes au nom d’intérêts financiers « anonymes et vagabonds »
N’étant pas un « émigré de l’intérieur » ni un « opportuniste », on ne me verra pas brandir d’autre bannière politique que celle du Roi : cela m’oblige à « penser et agir ici et maintenant », dans un pays qui « souvent varie » au fond des urnes, pour de bonnes ou de mauvaises raisons
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