J’ai un peu décroché cette semaine, je l’avoue, de l’actualité politique, sans doute parce que les vacances sont là, ou presque : il ne me reste que quelques oraux de rattrapage de bac à faire passer mardi prochain pour clore l’année scolaire. Mais j’ai déjà entamé mes travaux d’été, en particulier mes lectures, et j’ai une série d’articles à écrire la semaine prochaine, sur la question sociale et la Monarchie, entre autres. D’autre part, le rangement de mon studio et le tri des masses de papier qui se sont accumulées dans celui-ci au détriment des activités quotidiennes devraient m’occuper aussi quelques grandes journées
Sans oublier la préparation des cours de Terminale pour l’année scolaire 2007-2008.
Néanmoins, j’ai retenu quelques anecdotes de cette semaine qui me semblent, chacune dans leur domaine, révélatrices : bien sûr, la sortie polémique de Patrick Devedjian contre madame Comparini, du MoDem, ne pouvait m’être indifférente, eu égard à ma confrontation (beaucoup plus courtoise
) avec le député des Hauts-de-Seine en septembre 2005. Ce qui est marquant dans cette affaire, au-delà de la goujaterie du propos, peu conforme à l’idée que je me fais de la galanterie qui, comme dans la vie sociale, doit perdurer (même si j’ai constaté que quelques féministes jugent cette attitude peu égalitaire
), c’est le fait qu’un simple mot, aussi rude et injuste puisse-t-il être, devient un véritable piège pour l’homme politique qui n’est plus jugé ni sur ses idées, ses propositions ou ses réalisations, ni sur ses qualités propres mais sur un écart de langage, une « connerie » qui, si elle révèle l’homme privé, ne devrait pas pour autant être suffisante pour briser une carrière politique, ce qui semble désormais menacer M. Devedjian. Ce n’est pas la première fois qu’une telle conséquence se fait sentir et il en est aussi qui survivent très bien à des « petites phrases » et à leur exploitation par l’adversaire
Mais, quoiqu’il en soit, dans une société médiatique comme la nôtre et qui est gouvernée par « le poids des mots, le choc des photos », la polémique et le pamphlet n’ont pas bonne presse, surtout s’ils semblent s’en prendre au « politiquement correct » du moment, que cela soit à tort ou à raison (il faut évidemment prendre en compte le contexte et le débat concerné pour émettre un jugement ou une appréciation). Dans cette affaire, c’est, non l’insulte en elle-même qui a visiblement le plus choqué, mais le fait qu’elle soit adressée à une femme : le même mot appliqué à un homme n’aurait pas provoqué un tel hourvari, juste quelques indignations convenues sur la « mauvaise facture du débat politique »
En tout cas, certains concurrents de M. Devedjian au sein de l’UMP y voient déjà l’occasion de le mettre sur la touche et de prendre la direction du parti présidentiel
Autre « anecdote » de cette semaine : le refus de la commission juridique de la Ligue de football professionnel (contre l’avis de son propre président, d’ailleurs
) d’autoriser Guy Roux à entraîner le club de balle au pied de Lens, au motif qu’il aurait dépassé la limite d’âge autorisée pour exercer
C’est ce genre de règle, ou plutôt son « intangibilité » présumée, qui a coûté et coûte encore si cher à notre pays : c’est ainsi que de célèbres chercheurs français (dont Montagnié, le « découvreur » du sida) sont partis mettre leurs compétences au service de grandes entreprises étrangères, principalement états-uniennes, pour la simple raison qu’ils avaient été, contre leur propre gré mais au nom du « code du travail », mis à la retraite d’office
Plus près de moi, je peux témoigner de collègues du lycée qui sont partis de mauvaise grâce à la retraite parce qu’ils avaient atteint la limite d’âge mais qui se sentaient d’attaque et de volonté pour continuer quelques années supplémentaires, ce que certains, d’ailleurs, parviennent en partie à faire en assurant quelques « colles » des classes préparatoires
Comprenez-moi bien : je ne suis pas pour que l’on supprime l’âge légal de la retraite (c’est un « garde-fou » utile), mais pour que l’on laisse le choix aux personnes qui se sentent la force et l’envie de continuer de travailler dans leur branche professionnelle de pouvoir le faire, et non de leur imposer une mise à l’écart brutale, comme s’ils n’étaient plus bons à rien après 65 ans, ce qui m’apparaît une absurdité, surtout à l’heure où l’on cherche à financer les retraites dans de bonnes conditions.
Guy Roux a d’ailleurs réagi en proclamant son intention de déposer plainte pour « discrimination en raison de l’âge », ce qui (mystère des arcanes du Droit
) risque de mettre à mal toute l’architecture du Code du travail, conséquence inattendue et qui montre bien que notre société doit dépasser quelques blocages administratifs si elle veut affronter dans de bonnes conditions les défis de la Globalisation sans pour autant « jeter le bébé avec l’eau du bain »
Et puis, être vieux ne signifie pas forcément que l’on est bon à jeter : il faut en finir avec cet état d’esprit « utilitariste » qui oublie les réalités et néglige les personnalités. J’ai connu des vieillards qui étaient plus jeunes et plus vifs d’esprit que certains de leurs cadets frais émoulus de grandes écoles pourtant prestigieuses et qui savaient, pour certains, rester modestes malgré cela.
Légende de la photo, prise par F.-X. Seren : Patrick Devedjian débattant de la Monarchie avec le candidat royaliste, J.-P. Chauvin, dans les rues de Bourg-la-Reine, un samedi de septembre 2005.