J’ai roulé tout le dimanche après-midi vers
Sauternes, la radio diffusant tout ce temps des nouvelles du Tour de France et
du malaise « vagal » (sic !) du président Sarkozy, la dernière
information prenant vite le pas sur la compétition et le spectacle
cyclistes : ainsi, les personnalités présentes sur les Champs-élysées,
politiques et sportives, y allaient toutes de leurs « vœux de bon
rétablissement » pour le président Sarkozy ou de formules
« rassurantes » sur la tête de l’Etat, assurée quoiqu’il en soit par
la pratique constitutionnelle…
Dans cette affaire d’un malaise fortement
médiatisé, la communication politique de l’Elysée et, en fait, les médias
eux-mêmes ont accrédité l’image d’un
président tellement actif que, tel un Molière contemporain, il s’effondre,
au bord de la scène, comme foudroyé en pleine gloire ! Mais, miracle, il
se remet vite sur ses pieds, il n’a jamais perdu connaissance, nous
explique-t-on, et il tient bon la barre. En somme, c’est l’image d’un Chef
d’Etat infatigable qui ne s’arrête, à peine, que contraint et forcé par un
malaise lors d’une course à pied qui rappelle son côté sportif, moderne, jeune…
Même RTL y consacre un débat, ce lundi 27 juillet, sur le thème « M. Sarkozy en fait-il trop ? »,
formulation qui, d’ailleurs, est plutôt « ambiguë » car elle peut
être comprise de deux manières bien différentes :
- Il
est « tellement actif » (comme déjà dit précédemment), il mène
tambour battant les réformes, il est surmené par un travail de tous les
instants, il devrait se reposer un peu, il a bien mérité des
vacances… : communication impeccable qui en fait une « victime sympathique » du travail d’Etat, qui
« ne demande pas qu’on le plaigne » comme le dit un partisan de
l’UMP sur RTL. Tout bénéf’ pour M. Sarkozy et son image, tandis
qu’il fait encore l’actualité, au moment où l’été tournait à la litanie
des plans sociaux et des réactions de colère des ouvriers…
- Malgré
son malaise, la communication élyséenne est trop pesante et monopolise
beaucoup trop l’espace médiatique, au risque d’énerver les citoyens et les
auditeurs : « Comment ? Encore Sarkozy ?! »…
En fait, dans cette « République du
spectacle » contemporaine, ne sont-ce pas les médias eux-mêmes
qui ont donné une telle importance à ce qui n’était sans doute pas préparé ni
prévu (contrairement à ce que certains commencent à murmurer : toujours un
complot à dénoncer…), qui peut arriver à tout le monde mais qui, évidemment,
prend toujours une certaine tournure quand il s’agit d’un homme d’Etat, d’une
personnalité institutionnelle et politique, d’un souverain (étranger puisque la
France n’est plus, pour l’heure, une Monarchie), etc. ?
En tout cas, dans cette République qui ne
vit qu’au rythme des élections présidentielles et des débats autour de
celles-ci, le moindre « incident de santé » d’un président ou d’un
prétendant à la présidence se pense en termes éminemment
« électoraux » : il sera intéressant de regarder, à l’heure
même où ils sont tant controversés, les sondages des semaines prochaines, à
l’aube d’une rentrée politique qui s’annonce socialement chaude…
Quand un roi qui n’a pas, a priori,
besoin de se constituer une « clientèle » en vue d’une prochaine
réélection, tombe malade, ce sont les sentiments qui priment : en
République, à entendre les uns et les autres au regard du malaise du président
Sarkozy, ces mêmes sentiments, s’ils sont bien (et naturellement) présents (et
c’est d’ailleurs tant mieux), n’empêchent pas que ce sont néanmoins les
arrière-pensées qui semblent dominer…