Jeudi dernier, j’écrivais sur ce blogue ma colère devant l’immobilisme des démocraties et l’hypocrisie de la diplomatie mondiale face aux agissements de Kadhafi, et je rappelais la réponse d’Henri Morel à Léon Blum au moment de la guerre d’Espagne, tout en regrettant que la République, c’est-à-dire l’absence de roi, reste tout aussi impuissante qu’en 1936.
Et pourtant ! Le soir même, par la voix d’Alain Juppé, la France réussissait à obtenir l’aval de l’ONU pour imposer au dictateur libyen le respect des règles les plus élémentaires d’humanité à l’égard de ses opposants. Et, pour faire appliquer ces règles simples, la France, suivie par le Royaume-Uni mais aussi les Etats-Unis, envoyait samedi ses avions de combat frapper les infrastructures militaires du régime kadhafiste. Une fermeté inattendue et tardive (trop ?), sans doute, mais bienvenue pour rappeler aussi que la diplomatie n’est pas qu’une question de principes et de beaux discours mais une pratique politique parfois musclée qui use du moyen militaire pour parvenir à ses fins.
Sur ce coup-là, la République n’a, pour l’heure, pas démérité, et il serait injuste de ne pas le reconnaître. Mais, sa réaction, justifiée au regard de l’attitude brutale de celui qui avait humilié notre pays à l’automne 2007 en venant planter sa tente au cœur de Paris, doit pouvoir s’inscrire dans la durée et ouvrir les perspectives d’une nouvelle Union pour la Méditerranée, une Union qui, désormais, doit sans doute se passer de la présence des Etats de l’Union européenne non-méditerranéens et en particulier de l’Allemagne, si ambiguë face à Kadhafi et si peu solidaire d’une France qui est pourtant son principal partenaire au sein de l’Union européenne.
Après son « coup d’éclat » (qui a montré, a contrario, l’inutilité de la « Politique étrangère et de sécurité commune » de l’Union européenne, cette PESC tragiquement inefficace, voire même néfaste de par le spectacle de division et de mutisme qu’elle a mis en scène ces dernières semaines), la France a le devoir d’assumer jusqu’au bout son action diplomatique : si la République, quand elle se veut gaullienne (en fait, capétienne…), rompt avec la « malédiction des années 30 », elle n’en reste pas moins limitée par son système politicien même, au risque de stériliser ses meilleures intentions et intuitions.
Là encore, renouer avec une politique du long terme et de l’équilibre nécessite d’enraciner l’Etat dans la « longue durée » et la « mémoire sélective » (c’est-à-dire sans la rancune ou les préjugés) : l’histoire récente (et moins récente, d’ailleurs) nous incite à la prudence et nous préserve de l’illusion. Malgré ce beau sursaut diplomatique, il est à craindre que la République n’ait pas le souffle nécessaire pour mener à bien, au-delà du simple problème libyen, une véritable politique étrangère digne de ce nom, indépendante et équilibrée.
M'est avis que dans cette affaire d'engagement en Libye est bien dans la manière de la république : diminution des crédits militaires (voir l'avant-dernier n° du Spectacle du Monde) puis politique va-t-en guerre. Je ne vois pas ce qu'il y a de capétien là-dedans. Si, en trente-cinq (de seize cents), Richelieu entre en guerre contre la Maison d'Espagne sans grande préparation. Ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux : l'année suivante c'était Corbie, et les Hussards autrichiens à Pontoise. Nous n'avons plus les moyens de faire la guerre. Faites le roi ou faites la paix, disait Maurras.
Rédigé par : Nicolas | 20 mars 2011 à 23:47
je ne vois pas ce que l on va faire en lybie ce n est pas la seule dictature au moyen orient surtout que democratie respectant la volontee du peuple la republique n a pas de lecon a donner aux autres(referundum du traite de lisbonne 52%non) et pourtant l otan n est pas intervenue pour faire respecter la decision des francais de qui se moque t on dans cette ripoublique
Rédigé par : jean | 28 mars 2011 à 19:24