Lundi matin, j'avais à envoyer une lettre recommandée à ma Mutuelle de santé et, n'ayant plus l'adresse de sa délégation départementale des Yvelines, je pensais pouvoir la trouver sans souci à la poste centrale du Chesnay : aussi, quelle ne fut pas ma surprise de constater que rien n'y était désormais prévu pour retrouver quoi que ce soit ! Plus de minitel, pas de « pages jaunes » (désormais une société privée...) ni même de borne internet à l'intérieur de cette poste pourtant pleine d'informatique et de gadgets en tout genre... Les employées qui m'accueillaient étaient visiblement tout aussi embêtées que moi j'étais navré de ne pouvoir remplir compléter mon adresse !
J'ai le souvenir de la poste d'antan, à l'époque où l'on pouvait y téléphoner dans des cabines vitrées ou encore y rechercher l'adresse d'un ami ou d'un plombier avec les gros bottins ou avec le minitel, peut-être démodé mais bien pratique en son temps : c'était le temps des « PTT », Postes et Télécommunications, qui regroupaient sous la même enseigne publique les différents modes de communication entre les personnes. Un autre temps aussi où les facteurs en tournée prenaient encore quelques minutes pour discuter avec les vieux qui n'avaient plus grand monde avec qui s'entretenir, pour entrer parfois prendre un café, pour rendre de menus services aux uns et aux autres, etc.
Dans ce temps qui, visiblement, appartient à une autre époque, à un autre siècle, la poste était ouverte plus fréquemment et plus longtemps que la mairie, et l'on s'y arrêtait aussi pour admirer les timbres exposés sous une petite vitrine, fort divers et souvent très beaux, avec lesquels on « voyageait » parmi nos provinces ou on retrouvait quelques figures de l'histoire de France...
Dans les bureaux actuels, malgré l'amabilité et l'affabilité des personnes chargées de l'accueil, une impression désagréable d'empressement et d'obséquiosité commerciale domine parfois, qui agacent plus qu'ils n'aident vraiment celui qui n'est plus un « usager » (terme en cours de disparition, visiblement...) mais un simple « client ».
En somme, par cette expérience matinale et mes souvenirs d'un temps décidément révolu (mais que l'on peut parfois regretter au regard des réalités d'aujourd'hui), je touche là aux limites d'une « modernisation » qui se veut « plus efficace » mais est, sûrement, plus déshumanisante aussi et qui, tout compte fait, n'est guère satisfaisante car, au lieu d'aplanir les difficultés, en créent de nouvelles. On me rétorquera bien sûr que je n'ai qu'à tout faire par internet, mais n'est-ce pas le meilleur moyen d'accélérer la déshumanisation si l'on n'y prend garde ? J'ai tendance à préférer les rapports humains directs... Suis-je « vieux jeu » ?
Déjà, dans la plupart des stations de métro, les guichets ont été remplacés par des machines, ce qui n'est guère arrangeant parfois quand elles sont en dérangement ou que l'on a sur soi ni pièces ni carte bleue... La même tendance est à l'oeuvre dans les bureaux tout-en-plastique de « La Poste » (désormais « Société Anonyme », paraît-il), les postiers étant de plus en plus, en attendant de disparaître complètement, de simples appoints des machines à soupeser, à timbrer, demain à oblitérer directement.
Dans de nombreuses communes, le bureau de poste a été remplacé par un « Point poste » à l'épicerie ou au café du coin : j'étais peu favorable à l'origine à cette formule mais, tout compte fait, ces « Points poste » recréent (ou maintiennent) une véritable sociabilité locale qui a pratiquement (sauf exceptions, heureusement assez nombreuses) disparu des bureaux « modernes » aseptisés de « La Poste », ou, pour être plus juste, de « la banque postale »...
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