J'ai suivi d'une oreille distraite la soirée électorale de l'autre dimanche et j'ai parcouru d'un œil non moins indifférent les articles de presse et leurs commentaires sur les « leçons des départementales » : suis-je pour autant un mauvais citoyen ? En fait, j'aime trop la politique et particulièrement le débat d'idées pour aimer ce qu'elle est devenue, entre rappels constants à la « République » et « petits crimes entre amis », entre oukases vallsiens et revanche libérale.
D'ailleurs, en ce dimanche électoral ensoleillé et pollué, j'ai préféré lire le livre de M. Bertrand Le Gendre sur le dialogue entre de Gaulle et François Mauriac, livre que m'avait conseillé le matin même Jean-Philippe M., socialiste de grande culture avec lequel il est toujours agréable -et instructif- de converser, mais aussi, dans l'après-midi, poursuivre la lecture du « journal » de Friedrich Reck-Malleczewen, cet aristocrate allemand, monarchiste impénitent et antinazi virulent qui paya de sa vie cet engagement intellectuel contre la barbarie.
Avec ces deux ouvrages (sur lesquels je reviendrai dans de prochaines notes), on apprécie mieux la valeur des idées (et leur prix de sang, parfois...) et l'art de la conversation, au sens noble du terme, et les querelles politiciennes d'aujourd'hui nous paraissent bien vaines ou, plus exactement, bien méprisables. Non pas que tous ceux qui se soumettent au jeu des urnes le soient eux-mêmes (j'en connais qui, de droite ou de gauche, méritent le respect et ont de la politique une grande idée, de celle qui impose de grands devoirs...), mais le « système », entre jeux médiatiques et croche-pieds partisans, entre dévoiements des intelligences et trahisons des électeurs (quand il faudrait parfois savoir leur parler, pour les convaincre, non pour les tromper...), décrédibilise la politique à laquelle il ne laisse plus, en somme, que le soin de « gérer la crise » quand il faudrait qu'elle s'impose à l'économique et à cette « gouvernance » qui n'est rien d'autre que l'inféodation du politique et des États aux exigences de l'hubris libérale. Les politiciens sont d'autant plus odieux qu'ils renoncent à cette capacité de résistance aux idées reçues qui devrait être leur raison d'être, et d'agir.
Je ne suis pas un « idéaliste » qui verrait en la politique un chemin de roses tout comme je ne la vois pas seulement comme un « combat de rosses » : j'ai lu Mazarin et je connais la politique et les manœuvres de Richelieu, voire ses bassesses. Mais la « fin » (le service du souverain, de l’État, de la France) pouvait justifier certains « moyens » qui, utilisés aujourd'hui pour des fins moins nobles et plus individuelles (plus individualistes...), m'apparaissent détestables et condamnables. C'est aussi cela qui fait que je suis royaliste, fidèle et non idolâtre, politique et non servile...
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