Le 21 janvier 1793, le "citoyen Capet" était guillotiné place de la Révolution, anciennement "Louis XV". Plus de deux siècles après cet événement, plusieurs livres et revues d'histoire reviennent sur le roi Louis XVI et son règne, ainsi que sur sa place dans la Révolution française.
Ainsi la revue "L'Histoire" (novembre 2005) rappelle quelques vérités souvent méconnues : "Bien loin d'être un balourd et un ignorant, le futur souverain avait reçu une instruction que beaucoup pourraient lui envier. Devenu roi, il a su se montrer lucide à mainte reprise. En fait, la crise royale, accessoirement due à la personnalité d'un monarque, fut d'abord une crise générale de la société et de l'Etat. Louis XVI, à n'en pas douter, fut un monarque éclairé.
Le drame - et nous voici directement concerné -, c'est l'énorme déficit budgétaire, le trou vertigineux de la dette publique : la moitié des recettes y passe. Or Louis XVI n'est pas resté passif, convaincu de la nécessité des réformes".
Mais, ce que signale cette revue dans ses articles, tout comme "Historia" (thématique, janvier-février 2006), c'est la "résistance des castes" qui a fait échouer les efforts du roi et de l'Etat royal. Ce que les deux revues rapprochent de la situation présente en affirmant, comme le fait "Historia" que "l'actualité renvoie un étrange écho, tout de même, entre le pays de la fin du XVIIIe siècle, devenu ingouvernable, où la réforme se heurte systématiquement aux privilèges catégoriels, et celui du début du XXIe siècle". Ce que complète ainsi "L'Histoire" :"Un budget béant, un produit de l'impôt sur le revenu qui suffit à peine à payer l'intérêt de la dette, une impossible réforme fiscale, des privilégiés d'un nouveau genre qui, tout autant que ceux de l'Ancien Régime, se crispent sur leurs avantages acquis... Il se pourrait qu'en ce sens nous soyons de nouveau en 1788".
L'échec de la République à relever les grands défis contemporains, alors que la France a tant de qualités et de potentialités, est la fin d'une certaine illusion politique dont, en son temps, Louis XVI fit les sinistres frais et, avec lui, la France. Si nous sommes en 1788, alors, sans doute est-il temps de repenser l'Etat, non pour se réfugier dans la nostalgie ou dans l'immobilisme, mais pour agir. La Révolution appartient au passé de notre pays, il ne s'agit pas de le nier ou de l'oublier, mais, au contraire, d'en tirer les enseignements: aussi, il me semble que rendre à l'Etat sa force et sa primauté sur les nouvelles féodalités, aujourd'hui financières plus encore que politiques, est une nécessité. L'épuisement de la République appelle, car la nature politique a horreur du vide, la réactivation de la Monarchie politique.
je vous lis maitenant depuis plusieurs mois. il y à des idées interressantes parfois, mais il y à des choses qui me gene.
j'ai l'impression que vous etes trés "démago" et trés "sympa" et c'est cela qui me gene. vous parler de monarchie, mais jamais de religion ( etrange, non). à aucun moment vous faites référence au statut du peuple français dans tout ça ( et notament des probleme d'emmigrations, économiques ect...).
etes-vous de l'extreme droite? oui ou non, mais un moment donner, je suis obligé de me poser la question.
j'espere que vous répondrez à mes questions simplement, en étant clair sur certaines ambiguités politiques, je pense que cela est important pour ne pas tromper le peuple en ces temps troublés. merci.
Rédigé par : wolf | 20 janvier 2006 à 16:02
Vos questions sont très intéressantes et je vais essayer d'y répondre le moins confusément possible même si ce n'est pas toujours simple...
Je ne parle guère de religion, mais ce n'est pas volontaire: j'écris des notes sur de nombreux sujets, parfois actuels, parfois moins; parfois très politiques, parfois beaucoup moins. Ma position est, sinon, relativement simple: personnellement, je suis catholique, peu pratiquant, mais je n'ai retrouvé la foi de mon enfance qu'il y a quelques années, et cela n'est pas lié à mon engagement politique. Cela étant, je suis très réservé à l'égard de la "religion en politique": je ne méconnais pas que la religion (ou sa "négation") joue un rôle non négligeable en politique. Mais je suis attaché à une séparation des domaines, et au principe du "Politique d'abord"
comme moyen d'action sur les événements et les sociétés.
Pour le "statut du peuple français" que vous évoquez, il est vrai que je pense la question en terme plutôt de "nation", non dans un sens ethnique mais dans le sens de "trait d'union", d'unité au-delà des communautés et des simples appartenances culturelles, religieuses, provinciales, etc. En fait, il me semble que la nation française doit être pensée comme un accord plutôt que comme une fragmentation belligène; la nation comme fait issu de l'Histoire, de l'incorporation de "peuples" différents (Bretons, Flamands, Provencaux, etc) par l'action de l'Etat capétien ("les rois ont fait la France"; l'Etat fondateur et constructeur de la nation et du sentiment national, comme à Bouvines, en 1214;etc), comme "le plus vaste des cercles de reconnaissance d'appartenance" au temporel, etc. En ce sens, je suis "nationaliste" mais le terme aujourd'hui est ambigü et souvent dévoyé, confondu (par ceux qui s'en réclament parfois comme par ceux qui le condamnent) avec un "chauvinisme" franchouillard ou xénophobe...
Au sujet de l'immigration: elle existe, comme réalité, et a toujours existé, de façon plus ou moins poussée dans l'Histoire, plus ou moins agressive aussi. "L'immigration-zéro" me semble un leurre et, même, pas vraiment positive, pour des raisons fort diverses, et pas seulement historiques. Ce n'est pas tant l'immigration qui pose problème que sa nature et son poids à une époque donnée, et le conflit d'appartenance qu'elle peut engendrer, au risque d'attiser les "passions mauvaises", qu'elles soient hostiles à la communauté nationale ou aux populations, qu'elles soient installées ("de souche", disait-on jadis) ou "arrivantes". Je suis inquiet devant une pression trop forte des flux migratoires et le déracinement des nouvelles populations, et les crises que cela peut engendrer, exploitées ou manipulées par des "communautarismes", ethniques ou religieux, qui refusent parfois les "règles de vie communes" ou les "héritages historiques français". En fait, ce qui pose aussi problème, c'est l'incorporation, l'intégration, des nouvelles populations à cette Histoire et cette appartenance politique d'Etat qui fonde une "concorde humaine", une nation au sens fort, enracinée et capable d'ouvrir vers l'universel.
Je préfère parler de "peuples de France" au pluriel, attaché que je suis à la vie des communautés et à leur épanouissement au sein d'une communauté plus vaste (la nation). Mais je suis hostile à ce que l'on nomme communément les "communautarismes", maladie des communautés...
J'avoue que ma réponse est incomplète mais que j'essaierai, au fur et à mesure de vos remarques, de la compléter, en particulier en évoquant mon parcours et mes amitiés politiques. Merci de votre patience.
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 21 janvier 2006 à 12:20
Monsieur Chauvin, roi du guillemet, que dis-je, empereur de l'expression atténuée, que dis-je, démiurge de l'euphémisme!
Rôh, je taquine :D
Rédigé par : Hugo | 21 janvier 2006 à 16:39
A lire sur le sujet de la note :
"C'était tous les jours tempêtes" par Jérôme Garcin, racontant l'histoire du citoyen Hérault, anciennement Marie-Jean Hérault de Séchelles.
Rédigé par : Hugo | 21 janvier 2006 à 16:39
Livre très intéressant, découvert il y a un peu plus d'un an et "dévoré" en deux nuits... J'y consacrerai peut-être une note prochaine, qui sait?
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 21 janvier 2006 à 17:52
Bonne idée que cela serait... J'ai été assez conquis par, non seulement l'originalité du sujet, mais aussi le style appréciable.
Rédigé par : Hugo | 22 janvier 2006 à 10:31