Les vacances sont un moment privilégié pour la lecture et l'étude, les copies étant remisées sur un coin du bureau ou au fond du cartable...
Celles qui viennent de commencer ne dérogent pas à la règle et je pense ne pas avoir le temps de m'ennuyer. Plusieurs livres m'attendent: d'abord ceux de Raymond Aron (ancien élève au lycée Hoche de Versailles, mon lieu d'exercice), dont il me faut accélérer la (re)découverte, ne serait-ce que pour "questionner le libéralisme" (au sens intellectuel et politique du terme) et voir si l'idée, jadis émise par d'anciens élèves de ce grand penseur ou des lecteurs de Tocqueville, d'un "royalisme libéral" (je reprécise qu'il ne s'agit pas ici du "néolibéralisme" actuel, ni même d'un libéralisme économique à la Franklin ou à la Hoover...) est crédible, ou non. D'autre part, certains de mes interlocuteurs et commentateurs, autant sur ce blog qu'au lycée même, par leurs questions et leurs remarques, m'ont incité à reprendre cette lecture d'un Aron que j'avais beaucoup négligé ces dernières années : qu'ils en soient ici remerciés, car leur curiosité est un "bon carburant" pour le débat et la réflexion...
Autre livre, déjà entamé en fin de semaine dernière, celui de Daniel Halévy, "La fin des notables", qui évoque et explique les débuts de la IIIe République et son basculement dans "la République des républicains": livre passionnant et, ce qui ne gâte rien, bien écrit.
Une dizaine d'ouvrages, empruntés au CDI du lycée Hoche, dont quelques "Que Sais-je" d'un format raisonnable, sur la Révolution française, en particulier sur les pensées et les pratiques des révolutionnaires, mais aussi sur l'état d'esprit des populations durant cette période mouvementée : j'ai d'ailleurs dévoré, en une soirée, un ouvrage, un peu ancien (années trente) sur "la vie quotidienne des Français durant la Révolution", dont je compte utiliser quelques extraits pour mon cours des classes de Seconde.
Plusieurs livres sur ce que l'on nomme, de façon parfois trop large pour être claire, la "mondialisation", mauvaise traduction du terme états-unien, plus explicite et proche de la réalité, "globalization".
Un roman de Joseph Roth sur le dernier siècle de la Monarchie des Habsbourg, vécue par une famille anoblie d'Autriche-Hongrie: "La marche de Radetzky"
Mais il me reste aussi à reprendre mon travail de recherche et d'étude sur les "Cahiers des états généraux", publiés dans le début des années vingt sous la direction de l'économiste Georges Valois, alors d'Action française (il n'y restera pas après 1925 et entamera ensuite un parcours politique tortueux et désabusé). L'idée de Valois et de ceux qui le suivaient et le soutenaient (principalement issus des milieux royalistes et d'anciens combattants) était d'en appeler à une convocation des "forces vives du pays réel" pour dépasser les antagonismes de classe et trouver (puis initier) une voie économique à la fois "révolutionnaire" et raisonnable qui ne se limite pas au dilemme "Capitalisme ou collectivisme". Ces "Cahiers", et le projet qu'ils portaient, disparaîtront lorsque Valois fondera un nouveau mouvement plus inspiré par l'expérience mussolinienne que par le "corporatisme" plus traditionnel du royaliste La Tour du Pin, alors référence sociale du mouvement maurrassien.
Ce travail sur les "Cahiers", que j'avais interrompu durant les semaines de cours de mars-avril, doit être publié, sans doute à l'automne prochain, dans la revue d'histoire du royalisme "Lys rouge", après le numéro prévu pour les semaines qui viennent et dans lequel se trouve déjà un article de ma plume sur l'itinéraire de Valois au sein du royalisme (entre 1900 et 1925 environ), du temps où il était considéré comme "l'économiste officiel" de l'Action française.
Voici, en quelques lignes, mon programme de vacances : il n'est pas certain qu'ainsi présenté il soit exhaustif, et les circonstances se chargeront sûrement de le compléter ou de l'amender...