Voici la quatrième et dernière partie de l’article sur la Monarchie paru dans L’Action française du mois d’août et dans lequel je présente ma conception d’une Monarchie que je souhaite adaptée à notre temps et à ses réalités :
Dans le cas français, la Monarchie peut être cet arbitre respecté qui laisse se faire les jeux politiques mais fixe les grandes orientations diplomatiques, sociales, environnementales, et garantit le long terme au-delà même des alternances gouvernementales : car la Monarchie « à la française » n’est pas une Monarchie passive qui se contenterait d’inaugurer les expositions ou les écoles, mais une Monarchie active qui représente l’Etat et en assume les grands pouvoirs régaliens au travers de sa force symbolique, de son autorité et de sa capacité d’arbitrage reconnue. Elle « est » l’Etat sans en confisquer tous les pouvoirs mais au contraire en les redistribuant et en se gardant juste celui, essentiel, de l’arbitrage politique. Si les gouvernements changent, le fait que le roi ne soit pas limité par le même temps électoral et qu’inversement, le gouvernement ne dépende pas non plus du monarque en place (il n’y a pas forcément de changement de gouvernement parce qu’un roi décède et laisse la place à un autre, d’une autre sensibilité et d’une autre génération), donne aux institutions une solidité et une crédibilité qui ne sont pas toujours évidentes dans notre République quinquennale, comme on peut le constater aujourd’hui
Certains ne manqueront pas d’évoquer l’usure qu’entraîne l’exercice du Pouvoir dans nos époques contemporaines : mais l’autorité du souverain ne se confond pas avec toutes les rigueurs et impopularités des politiques gouvernementales, puisque son rôle consiste à fixer ou à assurer les grandes orientations et réformes sur le long terme, et qu’il n’est pas le gestionnaire du quotidien politique mais le garant de la pérennité et de la permanence, au-delà même des alternances qu’il n’a pas pour vocation de refuser mais d’accueillir tout en maintenant le cap sur certaines stratégies de long terme, comme, par exemple, celles concernant la politique énergétique ou la géopolitique de la France. Dans le même temps, de par la permanence qu’il incarne, il peut faire preuve de souplesse et permettre certaines inflexions quand elles s’avèrent nécessaires du fait de l’actualité ou des nouvelles perspectives et cela sans remettre en question l’équilibre général des institutions. N’oublions pas, de plus, que la Monarchie n’est pas « fixiste » mais que, au contraire, c’est sa propre permanence et la certitude qu’elle donne aux populations de la continuité (ce qui est un formidable point de repère en une époque où le mouvement trop rapide des événements ou des évolutions peut effrayer les citoyens) qui lui permet d’adapter sa stratégie sans risquer pour autant de crise majeure pour les institutions.
Toutes ses qualités propres à la Monarchie active n’en font pas, pour autant, un régime parfait mais amortit les erreurs (et les fautes
) des hommes, gouvernants comme monarque, en assurant le lendemain et la possibilité (puisque le cadre général est « invariable ») d’une correction réparatrice. La Monarchie n’est pas un « régime-miracle » qui, d’un coup de « sceptre magique », résoudrait toutes les difficultés, mais c’est ce régime qui, sans vouloir faire un « homme nouveau », reconnaît et s’appuie sur les réalités, les qualités et les imperfections humaines, et cherche à en tirer les meilleures possibilités : bien sûr, les chemins qu’emprunte la Monarchie peuvent apparaître parfois impraticables ou difficiles, mais, en politique comme en circulation, ce n’est pas forcément la ligne droite qui est la meilleure ou la plus rapide des voies
Le fait que la Monarchie « prenne le temps », parce qu’elle le maîtrise ou l’accompagne par son mode de succession héréditaire, est une assurance contre la précipitation des gouvernements prompts à plaire à leur base électorale au détriment, parfois, de l’intérêt commun : en assurant la permanence de l’Etat, la Monarchie permet les alternances tranquilles. Que les gouvernements gouvernent et passent, la Monarchie reste alors ce point de repère pour tous les citoyens, qu’ils soient électeurs de la majorité parlementaire ou de l’opposition : la Monarchie est ce trait d’union des différentes composantes, individuelles ou communautaires, de la nation, et c’est ce « plus petit dénominateur commun » qui symbolise le mieux l’unité du pays sans écraser les libertés des cultures et des personnes mais, au contraire, en leur permettant la plus grande possibilité d’épanouissement
Ainsi, la Monarchie peut être la grande chance de la France du XXIe siècle, et il serait dommage de ne pas s’en servir : dans l’ère post-démocratique qui s’annonce, elle offre des possibilités que notre République, toujours coincée entre deux élections, a tendance à négliger. Mais, il ne suffit pas de penser à la Monarchie, il s’agit désormais de la faire connaître, de la faire tout court et de la mettre en pratique. Certes, la tâche est ardue et elle peut apparaître vaine, impossible : mais les théories monarchiques n’ont de sens que si elles se risquent à l’Histoire et si elles s’incarnent dans une famille régnante. Désormais, il ne s’agit plus de « restaurer » mais véritablement d’ « instaurer » la nouvelle Monarchie, ce nouveau Projet capétien incarné par la Famille de France, par son chef actuel, le Comte de Paris, et ses successeurs, dont, en première place, le Prince Jean.
Juste un petit bonjour, je laisse la page ouverte pour lire un peu plus tard...
Rédigé par : Acrerune | 19 août 2006 à 17:40
- Les Orléans ne prétendent plus. C'est évident ! Ils n'osent pas peiner les royalistes.
Rédigé par : Georges | 20 août 2006 à 00:01
Vous pouvez alligner toutes les raisons possibles et pertinentes mais il faut que l'esprit public abandonne dans le même sens. Sinon on se retrouve dans sa toue d'ivoire contraint et forcé...
Rédigé par : alex | 20 août 2006 à 19:28