Le terrorisme est désormais indissociable de la société du spectacle, pourrait-on penser au regard des attentats meurtriers des dernières années : c’est une réflexion que, cinq ans après la destruction des tours du World trade center devant les téléspectateurs du monde entier, de nombreux analystes ont rappelé en cet anniversaire tragique. Il est vrai que les terroristes, quelles que soient leur cause et leurs raisons avancées, se nourrissent de la publicité morbide que leur offrent des médias fascinés par la violence et le spectaculaire : la « grande victoire » de Ben Laden, c’est ce statut extraordinaire que les images terrifiantes des avions s’encastrant dans les tours lui ont donné parmi ceux qui, pour des raisons diverses et souvent antagonistes par ailleurs, détestent les Etats-Unis et leur politique. Au point que l’on en oublie que le territoire états-unien n’a plus connu une seule attaque terroriste depuis ce 11 septembre malgré les craintes, souvent bien exploitées par les autorités de Washington pour négliger les avis d’autrui, de la population.
Mais, si le terrorisme semble avoir (et c’est tant mieux) épargné les Etats-Unis, il a connu une véritable « explosion » (triste et terrible usage du mot
) dans les pays envahis par les troupes occidentales en réponse (parfois hors de propos) aux attentats du 11 septembre : l’Afghanistan, où les maladresses états-uniennes ont ravivé la mouvance talibane, pourtant déconsidérée il y a cinq ans ; l’Irak surtout, où chaque jour des bombes, parfois portées par des kamikazes, déchirent des corps et déciment des familles « innocentes » selon l’usuelle expression journalistique. Or, le terroriste Carlos, aujourd’hui emprisonné en France, rappelait il y a quelques années que, pour lui comme pour ceux qui utilisent l’arme de la violence extrême, « il n’y a pas de victimes innocentes » : n’est-ce pas là l’idée aussi développée par Jean-Paul Sartre quand celui-ci affirmait que « la fin justifie les moyens » et que la Terreur de 1793 n’avait pas assez tué pour être vraiment efficace ? Pour les islamistes tendance Al-Qaïda, la « fin » c’est la victoire finale, totale et mondiale, de leur conception rigoriste (et sunnite) de l’islam, victoire qui doit aussi passer par la défaite des « juifs et des croisés » selon sa terminologie
Jadis, pour d’autres groupes, c’était la révolution mondiale et la destruction de « l’ancien monde capitaliste et décadent »
Aussi, médiatiser les actions violentes, c’est, pour les terroristes, le moyen de déstabiliser les sociétés « ennemies » : l’une de leurs erreurs, c’est de croire que la déstabilisation va faciliter leur « révolution » alors qu’elle est surtout l’occasion pour les Etats atteints, quand ils sont déjà fortement et anciennement industrialisés et intégrés à la société de consommation, d’avancer un peu plus encore dans le contrôle de leurs populations et de celles qui s’y adjoignent. La menace terroriste a accéléré le mouvement de « sécurisation » par le développement, désormais « légitimé » par le danger aux yeux de nombreux citoyens, de la biométrie, de la surveillance vidéo et informatique, du « tatouage électronique », etc. La crainte exprimée il y a plus de 60 ans par Bernanos d’une réduction de la liberté personnelle par la « Civilisation des Machines », au nom du progrès et de la sécurité des sociétés, est désormais une réalité bien avancée
Il me semble que, pour combattre le terrorisme de la façon la plus efficace, il est nécessaire de dépasser (ce qui ne veut pas dire qu’il faille s’en passer
) le seul aspect militaire ou policier, comme le souligne d’ailleurs Rémy Pautrat (ancien directeur général de la DST) dans « La Croix » du lundi 11 septembre 2006 : « Ce type de lutte se gagne par l’évaluation, l’analyse, la synthèse, puis l’action. Si vous n’arrivez pas à comprendre la philosophie, la psychologie, la culture des gens qui ne sont pas forcément vos amis, vous entrez dans des impasses. Le principal, dans le monde, c’est l’humain. Et ce travail d’écoute, ce sens de l’anticipation, c’est le renseignement. (
)
Si vous n’avez pas une approche fondée sur l’humain, vous ne comprendrez pas et vous serez inefficace. »
Et Rémy Pautrat de souligner qu’il faut savoir respecter les autres tout en restant fidèles aux valeurs de l’Etat de droit : sans doute faut-il y rajouter celles que vantait tant Bernanos : l’honneur, la justice, la liberté de l’esprit. Mais l’écrivain n’oubliait pas que, là aussi, au-delà de l’état d’esprit, un Etat, symbole et protecteur de ces mêmes valeurs, était nécessaire en notre pays. Un Etat incarné dans une famille qui sache lutter contre ses ennemis sans faiblesse et accueillir ses enfants égarés sans les humilier
Après tout, c’est de l’Histoire de France qu’a surgi, sinon la réalité, au moins le terme de « terrorisme », associé à cette phrase terrible de Robespierre : « la Terreur est à l’ordre du jour » : qu’un Ben Laden l’ait récupéré pour son compte n’est guère rassurant, mais le combattre, au nom même de cette « réparation historique » que la France doit au monde (non comme une repentance culpabilisatrice mais comme un devoir d’honneur proprement français), n’en est que plus urgent.
Ayant lu cet article, je vois sur certains sites de journaux et d'informations liées à l'actualité qu'on mentionne très peu ce qui se passe en Afghanistan en ce moment (alors que Ségolène et Nicolas font la une de tous). Par quelques peits articles, j'ai pu voir que les talibans commançaient à reprendre peu à peu le pouvoir et que les afghans recommencent à avoir peur. Est-ce que vous pensez qu'il est nécessaires de réitérer une mission internationale dans ce pays où le régime des talibans est à mon avis bientôt de retour ?
Rédigé par : Séb V | 13 septembre 2006 à 18:41
Le terrorisme se nourri de la terreur, il est donc normal qu'il fasse peur. Les journeaux en diffusant en boucle le crash des avions sur les tours ont donc fait le jeu des terroristes. M.Bush est lui même un terroriste car il joue sur la terreur des ces (con)citoyens pour envahir les puits de pétroles de l'Irak.
A bombarder chirurgicalement des hopitaux ou des centre des réfugié. A refuser des donner des médicaments générique à l'Afirque. A contaminer par des produits toxique ce même continents. A jeter a la poubelle des tonne de nourriture et à laisser mourir de faim de millions des personnes. A distribuer des armes à des Ethnies pour qu'elles se fassent une guerre sponsoriser pour le conseil de sécurité. A apprendre les techniques de guerrilla à des dictateurs pour qu'ils renversent la démocratie afin de s'emparer de petroles....
Il ne faut pas s'étonner que cela nous retombe sur la tête un jour ou l'autre. Ca a d'abord été les USA, puis l'Angleterre et l'Espagne. Alors pourquoi pas la France. Je comprend tout a fait l'envi d'exterminer la vermine occidental, je regrette just que ce soit un millieu religieu extremiste qui le fasse. Mais apres tout, ne sommes nous pas nous non plus des extremistes? Que ce soit religieux avec les USA qui font une guerre au nom de Dieu. Ou meme les pays du nord en général qui impose leur loi economique a des pays à qui cela ne convient pas??? Il est plus facil de rejetter la faute a l'adversaire mais il est necessaire de reconnaitre les siennes.
Je ne souhaite pas des attentats, il ne faut pas interpreter mes propos ainsi. Je dis juste que je comprend qu'il y en ai, et que nous ne sommes pas mieux que des terroristes.
Rédigé par : dafion | 13 septembre 2006 à 21:22
Juste un petit point sur ta note. Je crois que c'est Machiavel qui a dit "la fin justifie les moyens" et non Sartre.
Rédigé par : dafion | 13 septembre 2006 à 21:28
Sartre l'a dit à propos de l'URSS, ou de Cuba, je ne sais plus trop. Sinon, oui, c'est le postulat de base du machiavélisme; mais Machiavel ne l'a pas formulé dans ces termes.
J'lirai l'article demain, à head reposed.
Rédigé par : Hugo | 13 septembre 2006 à 21:30
Une très belle note, surtout en ce qui concerne l'accroissement, légitimé par le terrorisme, du contrôle de l'Etat sur sa population...
Les guerres sont toujours l'excuse pour limiter la liberté. On se souvient que 14-18 justifia un interventionnisme massif et sans précédent de l'Etat dans l'économie, interventionnisme qui devait laisser des traces par la suite...
@Dafion :
"Je comprend tout a fait l'envi d'exterminer la vermine occidental, je regrette just que ce soit un millieu religieu extremiste qui le fasse. Mais apres tout, ne sommes nous pas nous non plus des extremistes ?"
Pourquoi "nous" ? Je ne me sens pas responsable des agissements du gouvernement français, encore moins lorsque celui-ci soutient des dictateurs pour le prétendu "intérêt national"... Pas d'amalgame.
Rédigé par : Anton WAGNER | 14 septembre 2006 à 15:02
En effet, Dafion est victime de la pensée unique, il répète ce que disent tous les démagos de Gauche ! S'il avait lu le Coran et le Nouveau Testament, il verrait la différence et ne croierait pas les mensonges qu'il entend à longueur de journée ! Le Coran, je l'ai lu, c'est le livre le plus abominable et le plus criminel que j'aie jamais lu vu qu'il prône l'extermination totale de la surface de la terre des non-musulmans ! A ce régime-là, il est évident qu'il accouche de terroristes par milliers ! Accuser les chrétiens de terroristes et faire des terroristes des saints est tout simplement immoral, inepte, scandaleux, et ne peut venir que de la part de quelqu'un qui n'a pas le sens de l'équité ni de la filiation spirituelle de la France !
Rédigé par : Domy | 14 septembre 2006 à 23:17
Anton: quand je disais "nous" je parlais du gouvernement francais en général, et d'une parti des francais qui ne se rendent pas comptent qu'il agissent en quelque sorte en terroriste, en laissant fait les dirigeant et en votant pour eux a chaque election. Ce n'est pas forcement parce que nous agissons pas, que nous ne sommes pas coupable...
Domy: Le coran n'est que la traduction d'un texte, puis le coran est lui meme traduit par de imam... Donc je ne pense pas que la religion musulman soit a la base violente. Le nouveau testament n'est pas forcement mieux, car il agit sur la meme base de traduction avec une "inferiorité" de femmes.
Je ne repete pas ce que dise les demago de gauche, car je ne les écoute pas. Je n'aime ni la droite, ni la gauche ni meme l'extreme gauche (et encore moins l'extreme droite). Je n'aime pas la politique en général. Je suis critique envers tout les discours, qu'elle que soit la personne qui le tient.
Mais je suis d'accord sur un point avec toi, je n'ai aucun sens de la filiation spirituelle de la France...
Rédigé par : dafion | 15 septembre 2006 à 19:17
L'ancien patron de la DST est au cour du sujet quand il dit que "Ce type de lutte se gagne par lévaluation, lanalyse, la synthèse, puis laction. Si vous narrivez pas à comprendre la philosophie, la psychologie, la culture des gens qui ne sont pas forcément vos amis, vous entrez dans des impasses. Le principal, dans le monde, cest lhumain."
Implicitement il critique l'approche de la Maison Blanche qui n'a que trois boîtes de classement, les bons, les mauvais, les sans-intérêt.
Par exemple traiter Hamas et Hezbollah de la même manière est une faute "d'intelligence" au sens renseignement, parce que la conclusion dans leurs dossiers sera très différente. Les Américains perdent du temps dans ce manichéisme populiste, et nous mettent en danger en même temps qu'ils nous défendent.
Rédigé par : catoneo | 15 septembre 2006 à 22:58