La campagne présidentielle, avec son vacarme électoral, s’il peut être légitime dans le cadre d’une campagne où chacun doit pouvoir s’exprimer, masque néanmoins des informations importantes et, même, primordiales pour l’avenir de notre pays : c’est le cas pour l’inauguration, passée inaperçue, de la ligne de ferroutage entre Bettembourg, au Luxembourg, et Perpignan, en France, une véritable « autoroute ferroviaire » de 1.060 kilomètres, la plus longue d’Europe. J’ai déjà souligné la nécessité pour notre pays, pour la mobilité de ses produits comme pour les économies d’énergie et la lutte contre la pollution atmosphérique, de développer le ferroutage, c’est-à-dire le transport des camions par le rail, mais aussi le merroutage, c’est-à-dire ce même transport, cette fois par la mer (les fameuses « autoroutes de la mer ») : une véritable politique d’aménagement du territoire doit être menée et, sinon dirigée dans tous les cas, impulsée ou suscitée par une action forte de l’Etat, en lien avec les instances politiques régionales et communales, au-delà des seuls « intérêts privés » ou économiques
« Le Figaro économie » du jeudi 29 mars consacre à cette autoroute du rail un article qui montre tout l’intérêt de ce ferroutage et que nos hommes politiques qui prétendent à la direction de l’Etat feraient bien de lire et de méditer au lieu de « promettre sans effort »
En voici quelques extraits significatifs : « Le projet a tout pour séduire : un kilomètre par la route coûte au transporteur 1 euro, contre 90 centimes par le train. Le rail, c’est aussi 10.000 tonnes de moins de CO2 par train et par an ». Alors que les prix du carburant augmente et que les ressources pétrolières s’épuisent au risque d’entraîner de fortes tensions sur la comptabilité des entreprises de transport routier, le ferroutage est le meilleur moyen de permettre la survie de ces sociétés, souvent des PME familiales, qui permettent la distribution de produits frais ou manufacturés au cur des territoires, y compris éloignés des grands centres urbains.
« Le coût de cette autoroute ferroviaire reste modeste : 56 millions d’euros. » En ces temps de rigueur budgétaire, le coût moindre de ce type de projet peut être un argument important pour les politiques et les contribuables, mais aussi pour les entreprises attirées par la mise en place de ces aménagements ferroviaires qui participent, elles aussi, à l’aménagement général du territoire français. D’ailleurs, c’est ce que remarque la suite de l’article : « De nouvelles sociétés pourraient rapidement voir le jour, car plusieurs projets sont déjà lancés. Tout d’abord, le prolongement de la ligne entre Orbassano (dans la banlieue de Turin, en Italie) et Aiton (près de Chambéry) jusqu’à Vénissieux. Puis celui de Bettembourg-Perpignan vers Marseille, au sud et Paris et Lille, au nord.
Enfin, dès 2008, une ligne reliant Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) à la région parisienne pourrait être créée. Dominique Perben a fixé l’objectif qu’un million de poids lourds par an empruntent des autoroutes ferroviaires d’ici à 2010 ». Cela est l’occasion de « désengorger » les axes routiers et les abords des grandes villes, à condition évidemment de ne pas se contenter de ces autoroutes ferroviaires mais de multiplier les plate-formes multimodales et de privilégier, y compris pour les particuliers, l’usage des transports en commun. D’autre part, développer les convois fluviaux doit être complémentaire de cette politique du transport par le rail.
Il est dommage que nos candidats à la présidence de la République n’aient pas jugé utile de prêter attention à cette inauguration, pourtant si significative et prometteuse : l’avenir proche, l’élection, leur fait oublier le long terme, et c’est fort dommage