Il a beaucoup été question ces jours derniers de l’Europe ou, plus exactement, de la construction européenne, anniversaire du Traité de Rome oblige
Cela me semble l’occasion de rappeler quelques vérités simples :
- Tout d’abord, contrairement à une idée largement répandue, ce n’est pas l’union qui fait la force, mais la volonté qui la permet ;
- D’autre part, il semble bien que l’Union européenne a trop souvent confondu « union » et « uniformisation », ce qui est l’une des raisons (mais pas la seule) de son discrédit dans les opinions publiques, en particulier dans les « opinions enracinées ». Cette confusion est, en fait, la violation de la véritable union qui se caractérise par la « liberté d’être » de chacun dans celle-ci et sa libre acceptation, éventuellement « saisonnière » (selon le terme du général de Gaulle), de la part des différents partenaires.
- Dernier point : l’Union européenne s’est véritablement « bloquée » durant deux ans sur la question de la Constitution européenne, comme si celle-ci était « l’alpha et l’omega » de cette construction européenne en cours, comme si l’UE avait besoin de cela pour être et durer
J’ai l’impression que cela traduit une sorte de fatalisme obstiné, d’abandon à une « Europe » chargée de tout résoudre en lieu et place des Etats. Mais cela marque aussi, et c’est encore plus grave, un véritable refus (ou incapacité ?) d’imaginer, d’inventer, ou même de retrouver dans sa mémoire les possibilités d’une autre politique commune, d’autres alliances, d’autres habitudes
Pourtant, il ne semble pas interdit de penser une autre stratégie pour l’Europe ou ce que l’on peut nommer ainsi, avec, d’ailleurs, une certaine ambiguïté qui nécessitera, de toute façon, une définition ou, au moins, un certain cadre conceptuel. Changer le terme d’ « Union » par la notion de « Grande Alliance », si cela peut paraître ou être anecdotique, me semble avoir tout de même le mérite de reposer le problème de la structure de l’Ensemble européen en construction en rappelant que rien ne peut se faire sans la prise en compte des réalités historiques préexistantes, c’est-à-dire des nations et des mémoires, elles-mêmes toujours en mouvement, voire en mutation (elles ne sont pas des statues de marbre mais des corps vivants
). D’autre part, cela permet la création d’un (voire de plusieurs) noyau dur selon les domaines envisagés et la mise en place de « cercles d’alliances », se recoupant, voire se regroupant selon les circonstances : certes, cela entraîne une certaine complexité mais permet aussi, ce qui est fort bénéfique, une grande souplesse qui n’est pas une faiblesse mais bien une chance. De plus, cela autorise la formation, presque naturelle, de « liens renforcés », d’ « habitudes » qui ne soient pas des fixismes, et, en définitive, d’un « état d’esprit » commun sans, pour autant, se faire contrainte et fatalisme, ce qu’est devenue l’actuelle Union, trop lointaine des citoyens et des réalités pour susciter l’enthousiasme et la sympathie.
la question constitutionnelle ne serait-elle pas une traduction du "politique d'abord"? VGE n'a-t-il pas essayé de faire ce qu'ont fait les légistes de nos monarques médiévaux... Si on avait attendu l'émergence d'une identité française au moyen-âge pour constituer un Etat, où serait-on aujourd'hui?
En bref, les entités politiques ne sont-elles la conséquence d'une action volontariste...
Je me fais l'avocat du diable mais bon...
PS : JP, réponds à mon mail sur le 6 février s'il te plait!
Rédigé par : yffic | 27 mars 2007 à 19:47