En France, les rues portent souvent des noms de célébrités et il arrive parfois que cela ouvre de grands débats et quelques querelles, voire des « chasse aux sorcières » envers certaines personnalités passées de mode ou n’ayant plus l’agrément des autorités du moment : cela peut être juste, mais tel n’est pas toujours le cas, loin s’en faut
Deux anecdotes récentes, plus révélatrices qu’on ne le croit généralement, sur ce thème et rapportées, sans lien entre elles, par « Marianne » du 31 mars : d’abord, le refus des habitants d’une commune de Gironde de voir la voie centrale desservant leur lotissement porter le nom d’ « Abbé-Pierre », au motif que cela diminuerait la valeur de leurs pavillons
Comme si ce nom, jadis symbole de la lutte contre la pauvreté, ne devait s’appliquer qu’à des « centres sociaux » ou à des collèges de ZEP ! Bel exemple de la bêtise et de l’hypocrisie de certains qui ne supportent pas que l’on se rappelle qu’il y a, aussi, des gens qui souffrent dans notre pays, et qu’il y a eu , qu’il y a encore des bienfaiteurs pour pallier aux insuffisances de la solidarité d’Etat
Deuxième anecdote : des partisans de Mme Royal ont symboliquement rebaptisé du nom de la candidate socialiste une rue d’Argenteuil (Val d’Oise) qui portait déjà un autre nom, pourtant pas moins glorieux, celui du résistant d’origine communiste (mais alors en rupture de ban, semble-t-il) Gabriel-Péri, fusillé par les nazis en décembre 1941
Il aurait été sans doute plus judicieux de débaptiser ainsi les rues qui portent les patronymes de Lénine ou Robespierre, par exemple, et cela aurait été moins choquant : mais cela montre surtout l’ignorance crasse de ces militants socialistes qui ne connaissent même pas l’histoire de la Résistance ni ces noms de ceux qui ont chanté « la Marseillaise » devant les fusils ennemis, sur le Mont Valérien ou dans le Vercors. En tout cas, quelle gaffe et quel aveu ! Mme Royal n’en est pas coupable mais certains de ses partisans feraient bien de relire leurs classiques pour éviter de tels impairs
Quant à moi, puisque l’on est dans les questions de « noms », disons que je vais enseigner au Couvent de la Reine plutôt qu’au lycée Hoche du nom de ce général républicain qui, malgré ses grands principes et quelques traits d’humanité rares en cette période révolutionnaire, n’a pas toujours laissé un très bon souvenir en Bretagne
Je préfère commémorer cette reine (Marie Leczinska, femme du roi Louis XV) qui a eu la bonne idée de faire construire ce lieu formidable hier réservé aux filles destinées à Dieu et dans lequel, grâce à mes élèves et à mes collègues, je passe des moments si intenses. D’ailleurs, savez-vous que ce lycée a failli s’appeler « Ducis » du nom d’un compositeur célèbre en son temps ? Mais, en pleine « restauration républicaine », à la fin du XIXe siècle, Hoche était un choix plus politique et « républicainement correct ».
Je trouve en effet qu'en ce qui concerne les noms attribués à nos rues, la république fait preuve d'une amnésie incroyable et d'une mauvaise foi inégalée... Peut-on encore admettre que des rues portent le nom de tyrans sanguinaires comme Robespierre ou comme Staline ou Lénine... Alors qu'elle s'élèverait si un maire avait décidé de baptiser une des rues de sa ville du nom de Pinochet par exemple... Pour moi, un tyran est un tyran, qu'il soit de droite ou de gauche... Par contre, l'impasse est faite totalement sur la période correspondant à la Monarchie... Plus de rues Louis XV ou bien encore Henri IV... Pourquoi une tel mépris de notre histoire ? Sinon pour faire entrer les idées républicaines de force dans la tête des français...
Rédigé par : Jean-Marie WANTE | 03 avril 2007 à 11:51
A mon sens,, une des seules villes qui fut vériblement républicaine fut celle de Tarascon! En effet, quoi de plus beau que de voir la place de La Concorde, la rue Blanqui, l'impasse Robespierre, pour ne pas en citer d'autres! Voila un bon exemple républicain, affirmons et acceptons les noms et idées de ceux qui sont l'instigateur de cette république! Je m'insurge de voir tant de oms de rues portant des noms sacrés (dont Versailles est un exemple conséquent), dans une république qui se dit laïque! Voici donc un point sur lequel vous devriez réfléchir plutôt que de vous attachez à ces formules de "républicain correct", concept qu'il me semble inaproprié à la république... Dois-je pour cela rappeler la censure royale?...
Rédigé par : Vanini | 03 avril 2007 à 17:56
L'exemple de Tarascon et les noms cités sont-ils tous judicieux ? Je suis assez amusé de voir les références de certains républicains qui ne comprennent même pas que des noms comme Robespierre sont de véritables repoussoirs pour ceux qui sont attachés aux valeurs humanistes si peu respectées par la Ière République... Mais dois-je citer d'autres grands noms de la République fort "honorables" et leurs propos si éloquents sur la "nécessité de la Terreur" pour imposer la République, en particulier dans le pays basque, à Lyon ou à Toulon ?
Quant à la censure royale, elle n'a jamais(et heureusement!) atteint les "sommets" de la Ière République et des républicains dont le premier soin a été, après le 10 août 1792, de guillotiner des ... journalistes... A rappeler aux républicains qui n'ont pas encore rejettés la Ière République et qui, depuis François Furet, savent pourtant ce qu'il en est de sa réalité...
Rédigé par : J.-P. Chauvin | 03 avril 2007 à 23:39
Les hommes étant ce qu'ils sont, il s'en trouvera bien peu pour trouver plaire à toutes les époques ! Et comme on exige de plus en plus des gens qu'ils soient fidèles à l'air du temps, et comme on tolère de moins en moins leur part d'ombre ou de contradiction, je propose de remédier au casse-tête du nom des rues en usant d'une terminologie à l'épreuve de la corruption du temps :
Boulevard des Travailleurs, rue de l'Amitié-Entre-Les-Peuples, Stade du Triomphe Populaire, place de Vérité, avenue de la Liberté Lumineuse, rond-point de l'Antiracisme, salle des fêtes Jack-Lang [oups, "espace multimodal festif et citoyen Jack-Lang"], campus de la Gloire Citoyenne,...
Indémodable, quoi !
Rédigé par : fromageplus | 04 avril 2007 à 18:07