Les délocalisations sont aujourd'hui devenues une crainte pour de nombreux salariés, en particulier dans l'industrie, alors qu'elles sont présentées comme une "solidarité nécessaire" par certains économistes et commissaires européens plus soucieux d'idéologie libre-échangiste que de justice sociale.
Dans un récent article de la revue bimensuelle "Royaliste", un excellent article de Jean Latour fait le point sur ce phénomène, ses conséquences et les propositions pour parer à ce problème, car c'en est un, parfois mortel comme nous le rappelle les suicides quotidiens de "licenciés" en France.
Les délocalisations condamnables sont celles qui répondent aux exigences de profit des actionnaires, peu concernés par les conséquences sociales dans les pays touchés, et elles doivent être combattues. Mais les solutions à cette "fuite des emplois industriels", qui s'accompagne aussi d'une véritable désindustrialisation, ne sont pas toujours simples à mettre en oeuvre. Ce qui est certain, c'est que le politique doit retrouver les moyens de freiner les excés du libre-échangisme quand ceux-ci menacent la simple justice sociale. Ce n'est pas une solution unique qui doit être avancée, mais un faisceau de solutions qui peuvent aller d'un "néocolbertisme à la française" à la "relocalisation" de certaines activités et productions destinées d'abord au marché intérieur national, ce qui participerait d'un aménagement intelligent et mesuré du territoire.
Mais sans doute faut-il aussi repenser le rapport des Français à la consommation: dans une société où la consommation est le moyen comme la fin, il paraît nécessaire de mettre en avant d'autres valeurs qui ne soient pas "consuméristes" ou monnayables, telles que le service et le don. Certains parleront d'une "révolution culturelle" ou d'une "mission impossible" (ou les deux à la fois...): je ne crois pas au fatalisme et ne suis pas enclin à la sinistrose, et je suis persuadé que notre pays et une part importante (et qui peut être déterminante) de sa population souhaitent (parfois confusément) cette perspective d'un "retournement" qui rendrait aux hommes et femmes de France leur statut de citoyens responsables au-delà de leur seul "poids financier" individuel. Sans doute l'Etat et, en attendant qu'il retrouve sa légitimité monarchique, les royalistes ont-ils un rôle à jouer dans ce "retournement" pour placer "l'être" avant "l'avoir".