J’ai écrit il y a quelques semaines un article pour la revue « Action Sociale Corporative », consultable sur le site www.asc.new.fr , revue qui porte les couleurs du royalisme social depuis quelques mois sur la Toile. Voici, ci-dessous, le texte de cet article :
Le temps de travail des professeurs et les « 35 heures » promises par madame Royal
Il y a quelques mois, la candidate socialiste à l’élection présidentielle n’a pas hésité à aborder, lors d’une réunion interne de son parti, la question du temps de travail des professeurs, en évoquant la nécessité de les « mettre aux 35 heures réelles », visibles par la présence dans les établissements scolaires. Evidemment, ces propos, largement diffusés sur la Toile alors qu’ils étaient à l’origine destinés à un public de cadres militants, ont soulevé une polémique qui n’est pas achevée et, surtout, une grande inquiétude chez les enseignants qui croient réentendre Claude Allègre, celui qui voulait « dégraisser le mammouth », non pas au nom de l’intelligence et de l’efficacité mais bien plutôt en celui d’un certain productivisme éducatif et de l’harmonisation européenne
En tout cas, désormais, la question du temps de travail des enseignants est lancée dans le grand public et cela annonce, à mon avis, d’autres prises de position sur ce débat d’ici mai 2007 et, peut-être, des changements à l’horizon 2008 sur ce sujet.
Les propos de Ségolène Royal concernent, dit-elle, les professeurs de collège mais l’idée étant lancée pour ce niveau d’enseignement, il est évident qu’elle finira par concerner les profs de lycée, puisqu’il s’agit, de toute façon, de « mobiliser » les personnels enseignants sur les établissements, dans une stratégie de « présence » et non plus de formation culturelle des intelligences. En somme, une présence plus longue des profs sur le lieu de travail, pour des tâches administratives ou de simple soutien scolaire, est le meilleur moyen de les infantiliser, mais aussi de les dissuader de travailler au-delà de cette présence obligatoire...
Ce qui est certain, c’est que la mise en place des 35 heures pour les enseignants dans les collèges français risque de provoquer un fort découragement, en particulier parmi les plus jeunes, souvent envoyés dans les ZEP, et qui préfèrent, évidemment, après la fin des cours, ne pas s’attarder dans leur établissement
D’autre part, maintenir sur place les professeurs pour des soutiens scolaires plus fréquents nécessitent des locaux forcément plus vastes, ne serait-ce que pour les accueillir avec les élèves concernés, à moins de placer ces heures après la fin « officielle » des cours du jour, ce qui risque d’entraîner alors un fort mécontentement parmi les enseignants, condamnés à rentrer encore plus tard qu’aujourd’hui chez eux
Il n’est pas certain que la qualité de leur travail en soit vraiment améliorée.
Il est une chose que Madame Royal semble oublier, c’est que le travail d’un professeur ne commence pas à la porte de sa classe et ne s’arrête pas une fois les cahiers rangés : pour chaque heure de cours, combien de temps de préparation ? Combien de livres à lire, consulter, résumer ? Combien de notes à prendre et à mettre en forme pour les utiliser en cours ? Combien, dans certains cas, de documents à préparer et de séquences à organiser ? Dans certaines matières, en particulier en lycée, plusieurs heures de lecture quotidiennes sont la condition sine qua non pour actualiser les cours et conserver l’attention des élèves qui supportent mal la routine et la répétition.
D’autre part, en collège comme au lycée, la correction des copies reste une part importante du travail des enseignants, sans doute la plus ingrate mais dont il est impossible de s’émanciper au risque de ne pouvoir être juste dans l’appréciation des élèves. Certes, le temps de correction semble moins long au collège, mais le nombre de devoirs y est plus important qu’au lycée.
En somme, lorsque l’on fait les comptes, et même s’il y a, malheureusement, des enseignants qui ne respectent pas leurs obligations morales à l’égard des élèves et des parents qui nous les confient, le temps de travail des professeurs est rarement inférieur à 43 heures, d’après la plupart des enquêtes faites sur ce sujet. Et pourtant, le temps de travail officiel devant élèves d’un certifié est de 18 heures et de 15 heures pour un agrégé, ce qui semble scandaleusement court, mais il ne prend pas évidemment en compte tout ce qui a été évoqué précédemment
Quant aux vacances, elles sont l’occasion de travailler à un autre rythme, plus paisible, mais les professeurs en profitent souvent aussi pour avancer leurs propres travaux de recherche
Il y a une dernière donnée qu’il faut évoquer : le fait que de nombreux enseignants le sont devenus par vocation, par amour pour une matière ou pour la transmission d’un certain savoir, et qu’ils ont choisi cette voie professionnelle, non pour l’argent mais pour la possibilité, au-delà des cours eux-mêmes, d’organiser leur temps de travail comme ils l’entendaient, pour le concilier avec une vie de famille ou associative équilibrée, entre autres. Cela explique aussi pourquoi, malgré l’érosion continue de leur pouvoir d’achat depuis une vingtaine d’années, les revendications salariales des professeurs sont relativement discrètes, ceux-ci ayant préféré la qualité de la vie et du travail à l’augmentation des salaires.
Bien sûr, il faudra sans doute que la fonction et l’emploi du temps des professeurs de collège, mais aussi de lycée, soient discutés et réformés, au-delà même des programmes électoraux et des postures partisanes. L’Ecole devra être l’un des grands chantiers des prochaines années, et il serait bon que ceux qui seront chargés de l’Education Nationale évitent à la fois la démagogie et l’activisme, et cherchent à inscrire leur politique dans la durée et la raison. Il est possible de rester néanmoins sceptique, expérience oblige, sur la capacité de l’Etat républicain à mener une telle réforme, ou rénovation
Tout à fait d'accord... Le travail des enseignants ne se résume pas à l'unique présence devant les élèves... Je suis professeur en LP... Le travail devient de plus en plus difficile : réunions et rencontres avec les parents se multiplient afin de tenter de trouver des solutions aux problèmes de discipline ou aux problèmes sociaux et humains rencontrés par nos élèves... Plus les cours qu'il nous faut préparer avec de plus en plus de soin afin de tenter de retenir leur attention, de développer leur intérêt pour nos disciplines... Bref, nous ne quittons JAMAIS nos élèves... Ils restent présents dans nos vies à longueur de temps... Même pendant nos loisirs... Nous sommes toujours à l'affut de l'idée, du document qui leur plaira... Alors, passer 35 heures au lycée... Non, sous peine de voir les congés maladie se multiplier...
Rédigé par : Jean-Marie | 12 mars 2007 à 18:36
Une journée de la vie d'un prof :
Nous sommes mercredi : j'ai cours de 8 heures à 13 heures... Je suis rentré chez moi il était 14 heures... Je me suis mis à table puis j'ai commencé ma seconde journée à 14h30... 2 paquets de copies à corriger (60 élèves)... Mes moyennes pour le second trimestre à faire, les conseils de classe commençant la semaine prochaine... Il est 15h30. Je prends une petite pause (je mets mon blog à jour, j'interviens ici...) puis je me mettrai à la recherche de documents pour préparer mon prochain cours... Thème : Le rap, le slam peuvent ils être considéré comme une forme moderne de poésie... Je ne suis pas spécialiste alors je devrai chercher des textes sur internet, préparer mon questionnement, la trace écrite que je souhaite laisser aux élèves... Je pense terminer ma journée de mercredi vers 17h, 17h30... Oui, les profs sont "libres" le mercredi après-midi...
Rédigé par : Jean-Marie | 14 mars 2007 à 15:36