Robert Redeker est professeur dans un lycée de la région de Toulouse et c’est un philosophe reconnu, habitué des colonnes de la grande presse, en particulier du « Figaro » : j’ai lu, l’an dernier, quelques uns de ses articles qu’il m’est arrivé de citer lors de mes conférences politiques ou de mes cours, au regard de leur intérêt.
Or, cet enseignant, ce collègue donc, est menacé de mort depuis la semaine dernière et placé sous protection policière, obligé de changer de résidence presque tous les jours, empêché de faire ses cours par la force des choses Tout cela pour avoir écrit sur Mahomet, dans « Le Figaro » du 19 septembre, des lignes considérées comme « impies » par les islamistes et dénoncées comme telles sur la chaîne Al-Jezira par un cheikh fondamentaliste, prédicateur vedette de cette chaîne de télévision. Cela a aussi entraîné l’interdiction du quotidien français dans plusieurs pays musulmans, y compris considérés comme « laïques » ou « modérés » (Tunisie ; Egypte ; etc.)
Ce professeur aurait dû être soutenu par l’ensemble du corps enseignant ou, du moins, par ceux qui se targuent d’être attachés à la liberté d’expression : or, tel n’a pas été le cas, certains allant jusqu’à dénoncer les « provocations » de Redeker, d’autres déclarant qu’il ne faut pas « insulter l’islam » alors que le philosophe dénonçait les intimidations des islamistes, celles-là mêmes qui menacent la liberté de parole et de pensée. Après l’affaire des caricatures danoises, l’attaque de fondamentalistes contre la représentation d’une pièce de Voltaire dans l’Ain, la déprogrammation cette semaine à Berlin d’un opéra de Mozart dont la mise en scène aurait pu choquer les islamistes, les imprécations et le refus du débat après le cours du pape benoît XVI à l’université de Ratisbonne, liste non exhaustive des violences, censures et intimidations depuis quelques mois de la part de fanatiques qui refusent la contradiction, pourtant nécessaire à toute discussion véritable et principe même de la philosophie comme de la vie des sociétés libres, voici un nouvel exemple du climat malsain qui règne sur notre propre pays dès que l’on aborde certains sujets considérés comme « sensibles ».
J’ai un grand respect pour les croyants musulmans quand ils vivent leur foi en acceptant, même s’ils peuvent le regretter parfois, que je ne le sois pas et que je sois attaché à d’autres idées, à une autre foi que la leur. Mais je n’ai pas l’intention d’abdiquer ma liberté de réflexion et d’expression pour faire plaisir à quelques « barbus » fondamentalistes qui voudraient faire taire tout esprit critique à l’égard de l’islam. Je fais la différence entre les intégristes éradicateurs d’une part, et les musulmans fidèles, intransigeants dans leur foi mais tolérants dans leur rapport à la différence, ouverts à la discussion et à l’écoute d’autrui, d’autre part. Je ne peux supporter les pressions des islamistes qui, au nom de « leur » paix (sic !), sont prêts à tuer ceux qui ne se plient pas à leurs règles. Ces partisans d’un totalitarisme qui ne se cache même plus de l’être doivent être combattus. Encore faudrait-il qu’ils ne trouvent pas, en France même, de ces « idiots utiles » (selon l’expression de Lénine) qui se comportent comme des lâches en attendant d’être des « collaborateurs »